1881 : la gwerz de Mari Tammdu raconte la version populaire d’un crime de sang à Langonnet
Petit fils d’un grand chanteur traditionnel, Olivier le Dour a retrouvé dans les papiers de son grand père le texte d’une complainte inconnue : Gwerz Mari Tammdu. (La complainte de Marie à la tâche de vin). Celle-ci tenait un bistro au bourg de Langonnet avec une réputation sulfureuse : Mari bep noz ha bep mintin Barzh ar gêr a Langoned ‘h eved ur chopinad gwin, C’hoari meur a chopinad, c’hoari meur a barti ( Marie, nuit et jour buvait du vin au bourg de Langonnet, Boire plus d’une chopine et jouer plus d’une partie de cartes).
Avec deux clients complices elle s’attaque à une voisine fortunée : Mari Tammdu a lare d’he c’hamaraded Roomp dezhi ar marv diouzhtu, ne vo ket langiset. O na pase dek mil skoed gete o doa kaset Ouzhpenn evit an dra-se c’hoazh, an demezellig o doa lazhet (Marie dit à ses amis, donnez lui la mort de suite, inutile d’attendre. Ils emportèrent plus de dix mille écus et en outre tuèrent la demoiselle.
Crime d’argent donc au vu et au su de la communauté villageoise. Les gendarmes arrivent : Ar justis en deus ur jav hag a vez staget bep eur, Na evit mont da Langonned da welet ar maleur. Tapit deomp palioù houarn hag e yamp d’ar vered Da denniñ an demezellig da welet mard eo bet mouget. Benn an deiz warlerc’h mintin neuzen ec’h yae ar jandarmed Da di Mari Tammdu da welet ma oa dihunet ( La justice a un cheval qui s’attelle à tout heure, Pour se rendre à Langonnet constater le malheur. ” Saisissons les pelles et rendons nous au cimetière dérterrer la demoiselle pour voir si elle a été étranglée. Le lendemain matin , les gendarmes vinrent jusqu’à chez Marie Tammdu pour voir si elle était réveillée.)
Et c’est bien encadré que Marie Tammdu quitte Langonned : Larit Keno d’ho kwaz Mari ha d’ho pugaligoù, Marse po ket an inour da zonet ken en dro. – “Na bremañ ‘welan a-walc’h ma bet re hir ma fri, ‘M eus ket lazhet nemet unan hag on puniset kriz. Mari Tammdu a lare ar doull dor ar prizon, ‘Barzh amañ vez ket loñjet kalz tud a-feson, Mari Tammdu a lare ar doull dor ar Galeoù, Ba amañ ne vez lojet met ar re a ra krimoù (Dites au revoir à votre mari et à vos enfants, Sans doute que vous n’aurez pas l’honneur de revenir. – ” Je n’ai tué qu’une personne et je suis durement punie. Marie Tammdu disait à la porte de la prison, ici on ne loge pas beaucoup de gens convenables, et à l’entrée des galères, on n’accueille ici que des criminels).
Olivier le Dour Dans un livre de 224 pages a montré une fois de plus l’importance des Gwerz bretonnes dans la circulation des nouvelles en Basse Bretagne. Il a mené une enquête rigoureuse, en comparant 4 versions de la Gwerz, en collectant des témoignages inédits, retrouvant le nom des protagonistes, consultant le dossier de justice pour nous dire ce qu’est devenu Marie Royant morte à la prison de Rennes, et ses deux complices morts au bagne en Nouvelle Calédonie.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Olivier Le Dour, La Gwerz de Mari Tammdu, éd. A l'ombre des mots, Pabu, 2024, 224p.