Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Gwenneg (sou), Real (Réal), Lur (franc), Skoed (écu), la façon originale de compter ses sous à l’ancienne

Pemp real a vo (25 sous nous aurons), c’est le slogan revendicatif des ouvrières douarnenistes en grève il y a cent ans. Pemp real c’est 1,25 franc. Vous calculez donc, un real vaut 25 centimes. Mais d’où vient ce curieux nom de real ? C’est une monnaie espagnole. Les pièces étrangères furent acceptées jusqu’en 1685. Le breton garde le nom de pistol-spagn (doublon, monnaie d’Espagne). Le breton populaire utilise l’expression Gober ur sell a pevarzek real ( Lancer un regard de 14 réaux) c’est à dire porter un regard noir de travers.
Un real valait pemp gwenneg littéralement 5 blancs, une vieille monnaie royale que les Vannetais appelaient ur blank et qu’on traduisait par un sou. Les expressions ne manquent pas : gwenneg ar chañs (le pourboire), sart evel pemp gwenneg (joyeux comme une pièce de 5 sous), koll e bemp gwenneg (perdre son temps et son argent, koant evel ur gwenneg (joli comme un sou). L’expression paeañ blank ha liard qui signifie payer entièrement, nous amène à nous pencher sur une autre monnaie al liard qui valait un hanter gwenneg (un demi sou). Cette petite monnaie était très méprisée : Ne dalvez ket ul liard toull (Il ne vaut pas un liard troué, il ne vaut rien), n’en deus ket gounezet ul liard hirio, al lastezenn (Il n’a pas gagné un liard aujourd’hui le fainéant !)

Venons en à la monnaie plus “noble”. Tout d’abord al lur (la livre sous l’ancien régime, le franc depuis la Révolution) puis ar skoed, l’écu qui valait trois francs et enfin al loeiz-aour, le louis d’or jusqu’en 1792. Un plaisant poème d’Emile Ernault Yalc’h Wilh (La bourse de Guillaume) rassemble en quelques vers l’ensemble de la monnaie bretonne :

Anna lak ur gwenneg ‘n e yalc’h
Ha pa ve ar blankoù a-walc’h,
Neuze ganto e ra pezhioù
Un, daou lur, ha brasoc’h skoedoù
Gant skoedoù, loized, bilhedoù
Ha pa veze kresket o bern,
O degasje d’ar c’hef-espern,
Rak en espern-di pep moneiz
A c’han ur moneizig bemdeiz.

(Anna met un sou dans sa bourse et quand il y a assez de sous, alors elle en fait des pièces d’un et de deux francs et des écus plus gros. Avec les écus, les louis, les billets, quand leur tas s’était accru, elle les portait à la Caisse d’épargne car là chaque monnaie produit une petite monnaie tous les jours.)
Pour résumé Dimanche-Ouest-France coûte 1,45€ : un euro, pemp sent ha daou-ugent, au siècle dernier il fallait dire tri skoed, daou real hag ul liard ! C’était du temps où on savait compter !

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg / breton

Emile Ernault, Yalc'h Will pe al loer c'hloan war an div skritur, (bilingue) éd Figuières Paris, 1935 lenn en linenn war lec'hienn an IDBE
Martial Menard, Devri : Liard, Gwenneg, Blank, Real, lur skoed, Loiz-aour.

Galleg/français

Musée de Bretagne, Les Bretons et l'argent, éd. Apogée, 2011
Wikipedia : Lur (monnaie bretonne) lire en ligne
Pol de Courcy, Notice sur les monnaies de Bretagne Lire en ligne sur le site IDBE
Yves Coativy, La monnaie des ducs de Bretagne, PUR, 2006, lire en ligne
Thierry Sérot, Monnaies féodales de Bretagne, lire en ligne