Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

2024 : 2024 : Toull Kerliv : dialogue musclé entre un breton face à une juge d’instruction. Le nouveau roman de Charlie Grall.

Tout commence comme un banal roman policier, par une mise en examen : Ar paotr zo bet adkavet marv e foñs ur poull-dour a oa ur mignon bras deoc’h gwechall. Stourmet en deus en ho kichen en FLB. Asantet en doa kenlabourat gant ar justis c’hall hag e oa deuet da vezañ ur c’heuzidig ( La personne qu’on a retrouvée morte était votre grand ami il y a longtemps. Il a lutté avec vous au FLB. Il avait accepté de collaborer avec la Justice française, il était un repenti).
Un treitour, (un traître) réplique aussitôt le breton inculpé, Ne oa ket ur mignon din, ur c’hamalad stourm nemetken. Abaoe ugent vloaz meus ket kejet gantañ (Ce n’était pas un ami, juste un camarade de lutte. Je ne l’ai pas vu depuis 20 ans).
Ce qui intrigue la juge c’est que notre breton était ce jour-là dans les parages du lieu du crime présumé : Divizet meus mont da besketa war vord ar stêr Aon tal kichen Toull Kerliv. Distroet on e kêr ha n’em eus ket kuitaet va zi nemet antronoz vintin gant paotred Mari Robin. (J’avais décidé d’aller pêcher dans l’Aulne près de Toull Kerliv. Je suis rentré en ville et je n’ai quitté ma maison que le lendemain, escorté par la maréchaussée.
Le roman se corse avec des lettres clandestines à son amie, où on retrouve un clin d’oeil facétieux au poême breton déclamé par De Gaulle dans son discours de Quimper : Va c’horf a zo dalc’het etre mogerioù uhel met va spered a nij war zu va bro, war zu Pobl Vreizh war zu an hini a garan ( Mon corps est emprisonné entre de hauts murs mais mon esprit vole à tire d’aire vers mon pays, vers mon peuple et vers ma bien aimée).

Pour faire craquer son justiciable, la juge va chercher des arguments dans les actions violentes du siècle passé :

Soñjal a ra deoc’h e talveze ar boan lakaat en arvar buhez an dud evit mennozhioù breizhek ? (Est ce que vous pensez qu’on puisse mettre des vies en danger pour des idées bretonnes ?) ce qui lui vaut une réplique tout aussi historique : Da vare Pétain, an holl varnerien war bouez unan o deus votet fealded, sentidigezh d’ar Marichal (Du temps de Pétain tous les juges sauf un ont juré fidélité et obéissance au Maréchal).
Ce roman dialogué qui privilégie la parole vive et l’argumentation est une première dans la littérature bretonnante qui s’expose ce week-end au festival du livre de Carhaix.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Charlie Grall, Toull Kerliv, Al Lanv, 2024, 130p. Prenañ en linenn war lec'hienn Coop Breizh