Sportoù Breizh : Le lever de la perche (sevel ar berchenn) le plus spectaculaire des jeux athlétiques bretons
C’est l’un des plus originaux et des plus spectaculaires jeux traditionnels bretons. Il existe plusieurs expressions pour désigner l’action de lever la perche à la verticale : dibradañ ar berchenn ( enlever la perche du pré) aveliñ ar berchenn ( aérer la perche), gwerniañ ar berchenn ( mâter la perche), plomañ al lañsenn ( dresser un jeune arbre).
A l’origine, il s’agissait de lever le tronc d’un jeune arbre en le prenant par le bout le plus mince sans l’aide de la tête, de l’épaule ou du genou. Il y avait deux techniques : le lever de côté (krog-perchenn) ou le lever entre les jambes (Krog-sac’h). Aujourd’hui, on privilégie une perche en acier. L’une des figures de ce sport, Ifig Gravet de Plouaret, nous explique la différence : Ur berchenn goad a rankez ober daou grogad warni. Pa vez savet anezhi goude e rankez reiñ ul lañsadenn all dezhi evit eeunañ anezhi, evit digeinañ. Eben, ar berchenn houarn a sikour ac’hanout e-pad ur c’hrogad met pa vez erru re bounner ne sikour ket ac’hanout ken. An deiz all e vane dek santimetr ganin, biskoazh n’am boa gellet eeunañ anezhi. (Avec une perche en bois, tu dois faire deux efforts. Quand tu l’as soulevée de terre, tu dois ensuite donner une autre impulsion pour te redresser avec elle et la lever à la verticale. L’autre, la perche en fer t’aide un moment mais quand elle est trop lourde elle ne t’aide plus. L’autre jour il me manquait dix centimètres et jamais je n’ai pu atteindre la verticale).
Arabat Lostañ ! Mont a ra d’an douar ganti ! Il ne faut pas que le bout de la perche touche terre, faute impardonnable pour les spectateurs, impitoyables envers les concurrents malheureux : N’eo ket a-walc’h kaout nerzh, ret eo kaout tu ivez ( Il ne suffit pas d’avoir de la force, il faut de la technique aussi) ; N’eus ket diskoulm a-walc’h (Il manque de souplesse) ; Re reut eo e gein (Il a le dos trop raide) ; Ne bleg ket trawalc’h e zivhar ( Il ne plie pas assez les jambes). Le pire est de s’entendre dire Hemañ eo skañv e vragou (Celui-ci a la culotte légère, c’est-à-dire qu’il ne fait pas le poids).
Par contre les vainqueurs avaient tous les honneurs : Paotred ar berchenn ar re-se zo gwersed ! (Les gars de la perche, ça c’est des hommes !). Les meilleurs étaient désignés par les mots Mestr (maître), Mailh (champion) ou C’hwil (as).
Deux rendez vous incontournables pour voir nos champions :
Nantes, Les Jeux de Bretagne, C’hoarioù Breizh, la dernièr semaine de Juin
Lorient, le championnat des jeux athlétiques bretons. le 18 Août 2024.
Illustration tiré de “La vie au grand air”1909 sur Gallica (Voir en ligne)
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
George Hébert, Le lever de la perche, in Les Jeunes, 1909, p.1. Lire en ligne sur Gallica
Les sports locaux in La vie des patronages, 1909, lire en ligne sur Gallica
FALSAB 1928-1978, lire en ligne sur le site IDBE
Fañch Peru, La langue bretonne dans les jeux traditionnels du Trégor, in Heklev N°16,2010 lire en ligne sur le site IDBE
Skol uhel ar vro, Jeux traditionnels de Bretagne, pp38-39 lire en ligne sur le site IDBE
C.R.D.P. Bretagne, Jeux et sports traditionnels Bretagne, lire en ligne sur le site IDBE
Skeudennoù / Images
Quartier Maitre Guérenneur, 1909, voir sur Gallica
Jean-François Le Breton, 1913, voir sur Gallica
Gueraçague 1917, voir sur Gallica