Sportoù Breizh : L’ancêtre du Rugby le jeu de la soule en Bretagne (C’hoari Mellat)
Grâce à Raoul, évêque de Tréguier, on apprend en 1440 qu’ « un certain jeu très pernicieux et dangereux, avec un ballon rond, gros et puissant, jeu qu’on appelle en langue vulgaire mellad » est pratiqué depuis fort longtemps en Bretagne. Ce qui chagrine le clergé est énoncé dans le Mystère de Ste Barbe en 1557 : Gwell eo deomp fresk diwiskañ, da vellat ha da ebatañ Evit en em dommañ da vat ( Il vaut mieux se dévêtir vite pour jouer à la soule et prendre du plaisir, pour se réchauffer pour de bon).
C’hoari mell (jouer au ballon) ou plus simplement Mellat vient du mot Mell qui est féminin : Ar vell a oa ur volod lêr, bras kenan, leun a vrenn pe a foenn hag a veze stlapet e-touez an dud gant unan eus pennadurezioù ar barrez. An hini a veze gantañ da guzh-heol eo a c’houneze priz ar c’hoariadeg. ( Le gros ballon était en cuir rempli de sciure ou de foin. Il était jeté parmi les gens par un notable de la paroisse. Celui qui l’avait lors du coucher du soleil avait gagné).
Il se pratiquait les Sul ar mellad (Dimanche de soule) à des dates bien précises : Mellad Sant Salaun, Mellad Sant Jorj (La soulerie de St Salomon, de St Georges. Le jeu étaient annoncé ainsi à la sortie de messe : Chelaouit mat hag e klevfet davantaj, Ar re a zo o klask un tamm divertisamant d’o c’horv, a gavo en enderv-mañ ur c’hoari mellat e Boderel e Prad ar chapel ( Ecoutez bien et vous en saurez plus : ceux qui cherchent à divertir leur corps trouveront cet après midi une soulerie à Boderel dans le pré de la chapelle).
C’est dans la région de Pontivy que ce jeu a perduré jusqu’au 20 ème siècle au grand dam du journal catholique Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) : Ene ar meller a zo en e c’hoari. An hanter eus ar sul e tremeno war dachenn ar c’hoari, an hanter all oc’h en em gempenn da vont di hag un hanter all eus an noz war lerc’h en ostaleri oc’h evañ glaourenn. Petra eo ur sulvezh tremenet evel-se ? Un dervezh miret gant Doue evitañ e-unan ha laeret digantañ. (Le souleur ne pense qu’à son jeu. Il passe la moitié de sa journée sur le terrain, l’autre moitié à se préparer et la moitié de la nuit au bistro pour picoler. C’est quoi ce dimanche ? Une journée dédiée à Dieu qui lui est volée).
La messe est dite. La soule a disparu de Bretagne mais renaît en Normandie ou une compétition mixte de grande choule se tient chaque année. Messieurs et Mesdames de Bretagne qu’attendez vous ?
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
En français / e galleg
Léon Gougaud, La soule en Bretagne, in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1911 27-4 pp. 571-604
La Dépêche de Brest, Rugby breton 1830,p. 6. 8/02/1939, lire en ligne sur Gallica
Marcel Floc'h, Fañch Peru, C'hoarioù Breizh, jeux traditionnels bretons, Lire en ligne sur le site de l'ICBE
Laurent Sébastien Fournier, Le jeu de soule en France aujourd'hui : un revivalisme sans patrimonialisation, Cair.info, lire en ligne
En breton / e brezhoneg
Le mystère de Sainte Barbe, 1557, P.87 lire en ligne sur Gallica
Yann-Vari Perrot, Mell ha Football, in Feiz ha Breiz, N°12 Kerzu 1928, p.440-444, Lenn en linenn war lec'hienn an ICBE
Feiz ha breiz, N° 249, p.130, C'hoari teurel ar vell, lenn en linenn war lec'hienn an ICBE