An douar hag an dud (La terre et les hommes), l’étude du nom des champs de Plozevet révèle la richesse de notre patrimoine paysager
Gilles Goyat vient de faire paraitre aux éditions Skol Vreizh un travail remarquable sur la microtoponymie de Plozevet. Il s’appuie sur le vieux cadastre du XIXème siècle qui indique le nom breton de chaque parcelle et sur la mémoire des anciens.
On trouve bien entendu des indications géographiques : menez ou krec’h (hauteur), roz (coteau), run (terrain élevé), gorre (sommet) et pour les vallées stank ou tro (vallon), traon ou gouled (bas), toull (bas-fond humide). Le paysage rural est extrêmement morcelé en types de parcelles : Les plus nombreux park (champ enclos) laissent parfois la place aux champs ouverts maez, souvent divisée en parcelles plus petites ar bar ou an ero. Le mot ran, (terre cultivée) cotoie les tachenn et les tirrien (terres temporairement en friche).
Les historiens trouvent une mine de renseignements sur les monuments anciens. Foennec ar menhir (La prairie du menhir) témoigne de la présence d’une pierre dressée encore appelée peulvaen (pilier de pierre) ou nadoz-vaen (aiguille de pierre). La parcelle nommée Dol ven indique la présence d’une table de pierre tout comme le nom lia. Plozevet possède un tumulus nommé an durumell que jouxte des parcelles nommées arc’h-c’holoet (tombeau couvert).
Tout aussi interessant les murs anciens : moger, ou encore castel qui plus que château indique des ruines anciennes. Plus sûrement Sal et Maner indiquent la présence d’une demeure seigneuriale. Les croix kroaz verr, kroaz vihan, kroaz vras (Croix courte, petite, grande) marquent les intersections des chemins qui aussi ont leur hiérarchie : Hent Meur désigne une grand route, Hent un chemin carrossable, Estrevet un chemin creux, Gwenodenn, un chemin piétonnier. Plozevet n’échappe pas aux « Croissant », francisation aberrante de kroaz-hent (carrefour). La commune bigoudène possède une zone littorale donnant sur la baie d’Audierne. An aod désigne le rivage avec ses porzhioù (criques), ses kerreg (rochers) et ses traezh (grèves sablonneuses). On trouve trace des anciennes pêcheries littorales avec le mot gorret.
L’autre côté du cordon littoral c’est la zone des paludoù, ces patures humides avec des loc’h, des étangs lacustres. C’est le même mot qu’en Écosse. Mais point de Loc’h Ness a Plozevet tout just un Kleu Ernes ( (talus d’Ernest). Le livre de Gilles Goyat est riche de l’essentiel des toponymes à connaitre en Cornouaille.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Gilles Goyat, La terre et les hommes, An douar hag an dud, éd. Skol Vreizh, 2022.