1500 : La plus vieille comédie connue : Amourousted un den kozh (les amours d’un vieillard)
Dans le dictionnaire Le Pelletier, édité au XVIIème siècle, on trouve des mentions régulières d’une comédie écrite vers la fin du XVème siècle et intitulée Amourousted un den kozh 80 vloaz, pehini ‘zo orged a vez ur plac’h yaouank en oad a 16 vloaz ( Les amourettes d’un vieillard de 80 ans envers une jeune fille de 16 ans). L’auteur anonyme décrit la jeune fille comme ur plac’h war an holl bagol ha joliz (Une fille saine et jolie au-dessus de toutes). Un détail fait penser que la pièce a été écrite sous Louis XI ou François Ier car ces deux souverains ont frappés monnaie d’or avec un soleil : Me am boa karget va boujedenn a skoedoù heol meur a bistoled. (J’avais rempli ma bourse d’écus soleil et de beaucoup de pistoles).
Le scénario est classique, le vieillard qui ne craint pas le ridicule fait miroiter sa fortune auprès de la belle et cherche à jouer au jeune homme : C’hoari va faotr . Il invite même l’objet de son désir à esquisser un pas de danse : It gant ur brall doubl miblin ha soublik ( Allez, un double branle enlevé et souple !). Le résultat ne se fait pas attendre : Dija on skuizh stank ha mank ( Je suis déjà fatigué, pressé et rompu).
Passons aux choses sérieuses, le vieux galant promet monts et merveilles à sa jeune conquête
Mar bez voull e’r vro nep seurt cholori, e vezo em zi ha ni c’hoario, kaketal, fringal dre ar sal ha bale (S’il y a dans le pays beaucoup de réjouissances, ce sera dans ma maison et nous jouerons à caqueter, danser dans la salle et marcher).
La demoiselle ne se laisse pas embobiner et réplique : Sellit an orgouilh eus ar c’hozh strouilhart, ho fri zo mic’hieg, ar c’hozh gagn rognet ne vevo ket pell ( Regardez l’orgueil de ce vieux vilain, son nez est morveux, cette vieille charogne usée ne vivra plus longtemps).
La belle se tourne vers un amoureux plus jeune, qualifié de yaouank blouc’h c’est à dire jeune imberbe, il est évidemment fougueux : Ken rok evit stapañ pok ha reiñ taolioù roket ( Si fougueux pour jeter un baiser et donner des coups brusques).
On n’en saura pas plus, car le linguiste, écclésiastique de son état, a prudemment édulcoré ses citations. Il n’y en que 87, suffisamment pour nous donner envie de retrouver l’original. Dans cette comédie gaillarde, on trouve par exemple le mot biniou pour l’organe masculin, une délicatesse poétique très rabelaisienne.
Pennad orin / Texte original
Sellit istor ar chatal kornek,
Goude prezeg kaer ha va daoublegañ,
Ez eo kaset (= aet) gante kuit va gwreg :
Lezet tavantek goude va c'hwikañ.
[...]
It da “Skoed Breizh”, eno ez eus reizh vat,
Ha tud hegarat. Hastit timat kreñv.
[...]
Hastit ho tistag rak na "drintakfec’h",
Evezhiit na brammfec’h dirak ar plac’hed.
[...]
Hag e staotit tout a-hed ho potoù
Rak ho pinioù zo dija mouzher.
[...]
Zo en e vragoù, barbaou deraouet
[...]
Sell, nend eo ket flak na vak va baked (= sac’h)
[...]
Na gomzit ket din mui a seurt liboud
Hubot, kozh brifaod, ?lerot radoter.
Ur ?Gatell an dar, ur mesker d'ar yod,
Liper d'an darbod, ur mestr ?goarloter.
[...]
Holl chas Sant Maloù ha bleizi Daoulaz,
Kement dogez bras zo en Plougastell
Ra ray mil bastell eus am bouzelloù,
Mar mankan, Aotrou, da glask ar vaouez.
Skort eo va drouin, ker besk ha brinnig.
(Tennet eus Wikipedia brezhonek)
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Wikipedia (br) : Amourousted un den coz
Le Pelletier (Louis), Dictionnaire de la langue bretonne, (Gallica)
Le Pelletier (Louis), Manuscrit du Dictionnaire de la langue bretonne, (Les Tablettes rennaises)
Abeozen, Damskeud hol lennegezh kozh, pp20-21, Al Liamm, 1962
Roparz Hemon, Les fragments de La Destruction de Jérusalem et des Amours du Vieillard, The Dublin Institute for Advanced Studies,1969.
Fleuriot (Léon), Compte rendu du livre La destruction de Jérusalem et des amours du vieillard, in Etudes celtiques, 1970 (Persée)