Il y a 250 ans la découverte des îles Kerguelen (Inizi Kergelenn)
Avec le roman Kergelenn, Alouber an dremwel (Kerguélen, le découvreur d’horizons), Hervé Gouedard raconte l’aventure des premiers Bretons dans les terres australes.
Il y a 250 ans, c’est la course entre Britanniques et Français pour découvrir la Terra Australis Incognita : ur c’hevandir dianav kevrinus ha dammojennel a zlee en em gavout un tu bennak en hantervoul su. Sorc’hennet oa an holl voraerien ganti d’ar mare-se. (Un continent inconnu mystérieux et mythique quelque part dans l’hémisphère sud. A cette époque, tous les marins rêvaient de le découvrir).
Herve Gouedard nous raconte les aventures d’Yves de Kerguelen, d’une famille noble de Landudal près de Quimper et de ses compagnons Saint-Allouarn de Guengat et Boisguéhennec de Tréméoc : D’ar c’hwezeg a viz C’hwevrer 1772, war greiz an deiz, e klevjomp ur martolod, a oa o fuketal ar mor diwar beg ar wern, o huchal : « Douar, douar war stribourzh ». Hag an holl vartoloded sa sailhañ betek al listrenn stribourzh, Daoulagad dislontret en o fenn ! (Le 16 février 1772, en milieu de journée nous entendîmes un matelot qui scrutait la mer du haut du mât : « Terre, terre à tribord ». Et tous les marins de bondir sur le pont tribord, leurs yeux exorbités).
Kerguelen charge son lieutenant Charles de Boisguéheneuc, de faire une reconnaissance à terre. Son récit est décevant : Krin e oa an enezenn, treut ar struj warni. Ar menez ne greske warni na bod na skod. Du-mañ du-hont ur vrousgwezenn bennak hebken. Pingouined e-leizh o devoa gwelet ha paot a olifanted-mor ( Lîle était aride, avec peu de végétation. Sur la colline on ne voyait ni buisson, ni trace de végétation, de ci de là, un buisson quelconque. Ils ne virent que des pingouins et des éléphants de mer.)
De Boisguehenneuc prend possession de cette terre ingrate pour le compte du roi de France : Kaset e oa bet an taboulinoù en-dro, un dennadeg fuzuilhoù a oa bet hag ur brezegenn skubet buan ar pozioù anezhi gant an avelioù (Un roulement de tambour, un tir de fusil, quelques mots chassés par le vent).
Kerguelen revient à Brest et fait une présentation paradisiaque de sa trouvaille au Roi. Il y retourne deux ans plus tard dans de très mauvaises conditions : ar c’herdin, ar paramantoù ar gouelioù a oa erru teuc’h, ar boued a rae diouer, ar vartoloded taget gant ar skorbut (Les cordages, le bardage, les voiles complètement usés, le stock de nourriture au plus bas, les matelots atteints de scorbut).
Kerguélen reste un grand marin, un découvreur. Son nom comme celui de Boisguéheneuc restent inscrits dans la géographie mondiale.
Pennad orin / Texte original
Un den brudet a zo ac'hanon, stag e anv da viken ouzh un toullad inizi didud eus an hantervoul su, reier noazh, krin ha yen-sklas anezho, skoet gant ar seizh avel ha bet dizoloet ganin...
Savet em eus bet em buhez nouspet a gounskridoù, a levrioù bourzh, a studiadennoù skiantel, a zanevelloù beaj hag a skridoù azgoulenn d'an dud a veli... Bremañ m'eo aet pell zo ma yaouankiz diouzhin, e c'hellan kemer ar jeu a-ziabell ha sevel un danevell resis ha gwir eus ar prantad buhez a zo bet roet din gant an Ao. Doue, ur prantad buhez em eus klasket lakaat da dalvezout, gwellikañ 'm eus gallet.
Troidigezh / Traduction
Je suis célèbre, mon nom a été donné a un archipel d'îles désertes de l'hémispère sud, des rochers nus, arides et gelés, battus par les sept vents, que j'ai découvert il y a une vingtaine d'année maintenant...
J'ai écrit dans ma vie je ne sais combien de mémoires, de livres de bord, d'études scientifiques, de récits de voyage, de suppliques aux gens de pouvoir... Maintenant que le temps de ma jeunesse est terminé, je peux prendre du recul et faire un récit précis et véridique de cette vie que ma donné le seigneur Dieu, une vie où j'ai cherché à servir du mieux que j'ai pu.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Gouedard (Herve), Kergelenn, alouber an dremmwel, Al Liamm, 2011, 132p.
Kervella Divi, An inizi Kergelenn, in Al Lanv, N°19, 1983
Kerguelen (Yves de), Relation de deux voyages dans les mers australes, Paris, Knapen, 1782