1912 : Joseph Brelivet, pionnier de la littérature pour enfants aux États-Unis et poète bretonnant.
Locronan – New-York – Paris, voici les trois ancrages de Joseph Brelivet, prêtre, écrivain, peintre, musicien, né en 1849 dans la cité des tisserands. 40 ans d’exil renforcent son amour du pays : Pa dec’h a-bell stered an noz, Pa darzh broñsenn ar boked roz, N’eus ket dindan neñvoù Doue Kaeroc’h bro eget bro Gerne ! ( Quand s’éclipsent les étoiles, Quand les bourgeons de roses éclosent, Il n’y a pas sous les Cieux, Plus beau pays que la Cornouaille !)
Joseph Brelivet, est nommé recteur de la paroisse de Barre, aus Ètats-Unis, près de la frontière du Québec, Il publie un ouvrage avec en couverture un superbe clocher breton, « The pictorial Church for children », (L’église illustrée pour les enfants). 32 dessins lui donne un air de modernité : This is a toy book, the child will play with it, carry it about and sleep with it (C’est un jouet, l’enfant peut jouer avec, l’emporter partout et même dormir avec).
Le révérend Brelivet ne s’arrête pas là ; nommé à New York en 1894, il publie « Child » (Enfant) un des premiers magazines illustrés pour les jeunes.
Revenu au pays en 1900, il est nommé à Paris, à St Germain l’Auxerrois, ou il publie plusieurs romans pour les enfants et collabore aux journaux bretons de l’époque Ar Vro (Le Pays) et Ar Bobl (le Peuple). Il obtient le grand prix de poésie du Gorsedd des druides en 1912 : Pa guzh an Heol war lein Arvor, dor ar baradoz a zigor, Rak an aelez a gar gwelet Ar c’haerañ korn eus an hollved. ( Quand le soleil se couche sur l’Armorique, La porte du paradis s’ouvre, Car les anges aiment à voir, le plus beau coin du monde).
Brelivet qui écrit un breton raffiné a été comparé à Théodore Botrel, pour ses descriptions lyriques du pays natal mais aussi par son engagement patriotique dès avant la Grande Guerre : Ha ma teufe an estrañjour eus ar Sav-heol, an enebour, Ma teufe drougeur ar brezel D’hon c’hourdrouzañ e Breizh-Izel, Eus Kreiz ar moged hag an tan, E vefe klevet hon diskan : « Kentoc’h d’ar Glazik torr-e-benn ! » Hor bro sakr n’ho pezo biken ( Et si l’ennemi étranger venait de l’Est, Si le malheur de la guerre atteignait la Basse-Bretagne, Du milieu de la fumée et du feu On entendrait notre cri : « Le Glazik lui cassera la tête ! » Vous n’aurez jamais notre pays sacré).
« Il avait la foi des Bretons et les initiatives hardies des Américains » peut on lire dans sa nécrologie, un personnage à découvrir.
Pennad orin / Texte original
Ar Glazik
I
Deuit, Glazik, da glevet ur son
Ar bravañ sur e peb feson ;
Rak eus gwiskamant hon tadoù
Koefoù, dantelezh hor mammoù
Emaon da lavarout ur ger,
Ur ger ivez eus hor bro gaee,
Eus bro benniget an Arvor,
A-beb-tu glebiet gant ar mor
Diskan
O dalc'homp mat d'hor bragoù bras,
D'hon tog ledan, d'hor chupenn C'hlas !
En hon dorn ar penn-bazh derv
Ni 'zo prest da zifenn hor bro.
II
N'eus den na c'hall ankounac'haat,
Ar Glazik ' zo ur ouenn vat,
War e dal emañ ar frankiz,
En e lagad an onestiz
Kalonek eo evit e vro,
Kalonek betek ar marv !
War ar stourm-lec'h, soudard dispar
Ha war ar mor n'eus ket e bar !
III
Ha ma teufe an estrañjour,
Eus ar Sav-heol an enebour,
Ma teufe drougeur ar brezel
D'hon c'hourdrouzañ e Breizh-Izel,
Eus kreiz ar moged hag an tan,
E vefe klevet hon diskan,
Kentoc'h d'ar Glazik torr-e-benn !
Hor bro sakr n'ho pezo biken !
Paris, 31 a viz Eost, 1912
Troidigezh / Traduction
Les "Glazik"
I
Venez, Glazik, entendre une chanson
La plus belle qui soit
Car du costume de nos pères,
Des coiffes de dentelles de nos mères,
Je vais dire un mot,
Un mot aussi de notre beau pays,
De notre patrie bénie d'Armor
De tous côtés entourée par la mer.
Refrain
Oh ! Conservons nos bragoù-bras,
Notre large chapeau, notre chupenn bleu !
Dans notre main le Penn-bazh de chêne,
Nous sommes prêt à défendre notre patrie.
II
Il n'est personne qui puisse oublier
Que le Glazik est d'une bonne race :
Sur son front brille la franchise,
Dans son oeil l'honnêteté ;
Il est courageux pour son pays.
Courageux jusqu'à la mort !
Sur le champ de bataille, soldat incomparable,
Et sur mer, il n'a pas son égal.
III
Et, si l'étranger, si l'ennemi de l'Est,
Si le malheur d'une guerre venait
Nous menacer dans notre Bretagne,
Parmi la fumée et le feu,
On entendrait notre refrain :
Plutôt casser la tête au Glazik !
Notre pays sacré, vous ne l'aurez jamais. !
(31 Août 1912)
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Oberennoù Joseph Brelivet / Bibliographie de Joseph Brélivet/ Joseph Brelivet 's book
English / Saozneg / Anglais
The pictorial church for children, by Rev. J. Brelivet, Barre, 1893, 150p
The Child, (Illustrated magazine for children) 1894-1899, New York City.
The ABC of the Cuban War : in twenty-two questions and answers 24p, New-York, 1898.
Français / Galleg /French
Iannik à l'Exposition de 1900 : aventures d'un groupe breton, Paris, 1901, 331p.
Une dure Leçon, dialogue comique pour jeunes gens , Paris, 1912, C.Klotz, 12p.
Les Tribulations de Cosmao le Sorcier, farce en 2 actes , Carhaix, 1909, Jaffrennou, 64p.
Le sorcier et le filou , Paris, Cosmao, 1890, 93p.
Chant triomphal de l'Eglise de France. Paroles et musique de J. Brélivet Paris, 1909, M.Labbé, 2p.
La Femme bavarde, monologue pour jeunes filles Paris, 1912, C. Klotz, 7p.
Ma Bretagne , Paris, 1905, 79p.
Miss Francine, Comédie en 4 actes, Paris, éd. Cozmao, 1910, 119p. (Pseudo Bob Yankee)
Carnet d'un exilé, Chronique en français dans l'hebdomadaire Ar Bobl, à partir du 10 mai 1913 jusqu'à Août 1914.
Brezhoneg /Breton/
Va botou koad, in Ar vro, miz Here, 1906.
Breiz ar c'haera bro, in Ar vro, miz Meurz, 1909
Va mogedenn genta, in Ar vro, Miz Eost 1909.
O Breiz-Izel, O kaera bro, in Ar vro, miz gwengolo 1912.
Ar Glazik, in Ar vro, miz Here 1912.
Ene Breiz, in Ar vro, miz Genver 1914