Sauvetage amoureux en golfe du Morbihan par Youenn Drezen
Youenn Drezen publie une longue nouvelle en 1932 dans le périodique Gwalarn ou pour la première fois dans la littérature bretonne l’écrivain raconte les émois amoureux de deux jeunes gens.
AN DOUR EN-DRO D’AN INIZI (L’eau autour des îles)
Ur c’hizeller yaouank a gej ouzh ur bennhêrez pinvidik eus ar Mor Bihan. Kavout a reer er romant berr-se un danvez a blije da Youenn Drezen: talvoudegezh an arz hag an arzour er vuhez hag er gevredigezh.
Un jeune sculpteur fait la connaissance d’une riche héritière, dans le Golfe du Morbihan. On y retrouvera un thème cher à Youenn Drezen: la place de l’art et de l’artiste dans la société.
Pennad orin / Texte original
Anna Bodri a neue koulz hag ur wesklev, stignañ ‘rae hec’h izili gant an hevelep fiñvoù gwevn ha gorrek. Plijadurus-dreist e kave en em lakaat droch er poullig dour oc’h ober toull-pennika, o splujañ diwar pondalez koat ar chaoser, da dapout ur fozad traezh er gouled, o chom eeun ha difiñv a-c’hwenn war c’horre an dour, morverc’h gwenngen he furmoù kenedek.
Edon goude un neuiadenn brennak o krazañ evel ur glazard gant an heol em daoulagad...
Anna Bodri a laoskas ur c’harm drumm hag hi ha dispac’hañ treid ha divrec’h ken na chintre uhel an dour en-dro dezhi. M’az pije gwelet al lamm a ris em sav ! Hag al lamm all a ris el lenn ! E pemp gourhedad e voen en he c’hichen.
- Ar gilzi em daoudroad a huanadas, hag e taolas he divrec’h en-dro d’am gouzoug. Houpañ a ris ar c’horfig kuilh war va divrec’h hag e kerzhis, an houlennouigoù o saflikañ ouzh va chink hag o izelaat dre ma tostaen ouzh an aod. Ur foeltr a dammig korf hebleg, morzhadoù yaouank ha glan, un dargreiz mistr hag ur galon o tripal herr ha taer, sko em c’halon-me !
Troidigezh / Traduction
Anna Bodri nageait comme une rainette, elle détendait ses membres du même mouvement souple et lent. Elle trouvait, on ne peut plus amusant, de faire la folle dans la petite anse, faisant des pirouettes, plongeant du tremplin en bois qui attenait à la chaussée, pour cueillir une poignée de sable dans le fond ou se tenant droite et immobile sur le dos à la surface de l’eau, sirène à la peau blanche, aux formes exquises.
Après avoir fait quelques brasses, je me grillais comme un lézard, le soleil dans les yeux...
Soudain, elle poussa un cri ; elle se mit à agiter bras et jambes, faisant jaillir l’eau autour d’elle. Si tu avais vu le bond que je fis dans l’eau. En cinq brassées je fus à ses côtés.
- J’ai une crampe aux deux pieds ! murmura t’elle et elle jeta ses deux bras autour de mon cou... Je chargeai le petit corps bien potelé sur mes deux bras et je me mis en marche. Les vaguelettes qui me clapotaient au menton au départ, baissaient à mesure que je m’approchais de la berge. Un sacré bout de corps flexible, des cuisses jeunes et pures, une taille très mince et un cœur qui bondissait, vif et fougueux tout contre mon propre cœur !
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Drezen (Youenn), An dour en dro d'an inizi, in Gwalarn N°42, 1932,
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_84/Gwalarn_1932_niv_42_.pdf
Adembannadur, Al Liamm, 1972
https://www.brezhoneg.org/fr/livres/dour-en-dro-d-inizi