1855 : Le culte étonnant de Sainte-Germaine-de-Pibrac
En 1855, paraît à Vannes un livre de 126 pages Buhez, vertuzioù ha mirakloù ar vugulez Germenen Cousin, diskleriet eürus, dre hon tad santel ar Pab Pi Naved (Vie, vertus et miracles de la bergère Germaine Cousin, déclarée bienheureuse par le pape Pie IX). On peut se demander pourquoi cette jeune fille morte en 1601 à Pibrac près de Toulouse, intéresse le clergé bas-breton. Un autre livre lui sera consacré en 1869 : Buhez Santez Germena Cousin gwerc’hez ha mesaerez (Vie de Sainte Germaine Cousin, vierge et bergère) cette fois-ci, à l’occasion de sa canonisation.
L’auteur, le recteur de Taulé nous en donne l’explication Abaoe ouzhpenn kant vloaz n’he doa bet ar Frañs na sant na santez kanonizet (Depuis cent ans la France n’avait eu aucun saint ni sainte, canonisés). C’est bien sûr, la faute des révolutions successives. Avec Napoléon III l’ordre règne, l’église soutien le régime, les relations avec le Vatican sont au beau fixe. La reconnaissance d’une nouvelle sainte française est donc un évènement considérable pour le clergé de France qui diffuse largement l’information. Ur santez he deus bevet war ar maez eveldomp (Une sainte qui a vécu à la campagne comme nous) indique le compositeur de la Gwerz Santez Germena Cousin. Mais ce n’est pas sa seule vertu : Dont a reas war an douar gant ur c’hleñved diremed anvet drouk Sant-Kadou hag ouzhpenn he dorn dehou a oa añpechet (Elle vint au monde atteinte des écrouelles, de plus sa main droite était paralysée). Orpheline de mère, elle vit l’enfer pendant son enfance Paour, mac’hagnet, minorez, gwall dreted gant ul lez-vamm kriz ha froudennus (Pauvre, handicapée, orpheline, maltraitée par sa belle-mère méchante et capricieuse). Elle devient donc la protectrice des faibles, des malades, des déshérités et des bergers.
On lui concède plusieurs miracles comme celui d’écarter les loups : Pa vije he deñved o peuriñ tostig d’ar c’hoad lec’h ma vije kalz bleizi, Germena a sanke he c’higel en douar. Morse nikun ne oa taget na sammet gant ar bleiz (Quand ses moutons paissaient près du bois infesté de loups, elle plantait sa quenouille en terre. Jamais les loups ne vinrent attaquer son troupeau).
Mais sa principale qualité est de ne pas se plaindre de sa condition et de s’en remettre à Dieu : Germena a zistroe d’he labour heb james en em glemm eus an injustisoù nag eus ar soufrañsoù ; eürusoc’h eget ne oa den war an douar e-kreiz an enorioù hag ar plijadurezioù (Elle allait au travail sans jamais se plaindre des injustices ni des souffrances ; elle était plus heureuse que tous ceux qui vivent dans les honneurs et les plaisirs).
Germaine de Pibrac est donc à l’époque l’exemple à suivre, mais son triste sort continue puisque à peine reconnue sainte, elle fut éclipsée par sa voisine de Lourdes. Son pélerinage garde quand même un grand renom.
Pennad orin / Texte original
Gwerz Santez Germena Cousin
Pegen mat hoc'h ma Doue ! E-barzh an neñv e welomp
Ur santez he deus bevet war ar maez eveldomp
Paour evel ar mabig Jezus en ur gerig dister
Germana a oa ganet e ti ul labourer.
A-Dal m'he doa nerzh da gerzet, d'ar park e oa kaset.
Henvel ouzh hor bugale da ziwall an deñved
Amzer d'amzer e pede, stouet war he daoulin
Hag e tenne adarre war he c'hibeliig lin
He fedenn hag e labour evel c'hwezh-vat ar bleunioù
A-greiz al lann a bigne, hed an deiz d'an neñvoù
Ha pa c'helle, d'an iliz, a-red-kaer ha treid noaz
Dirak Jezus ha Mari e ya da bediñ c'hoazh
He c'higell plantet er park a ray aon d'ar bleizi
Hag an deñved a chome bodet en dro dezhi.
D'an noz gant ul lez-vamm griz n'he doa nemet gourdrouz
Bara sec'h evit he c'hoan, da wele un tamm plouz.
Tud a skiant o dije goapet ar plac'hig kaezh
Gant he brec'hig mac'hagnet hag he sempladurezh
Daoust ma oa gwan ha dister vit daoulagad an dud
Ar santez dalek neuze a reas meur a vurzud.
(Ar peurrest war https://fv.kan.bzh/feuille-02695.html)
Troidigezh / Traduction
Complainte de Germaine de Pibrac
Que vous êtes bon mon Dieu ! Au ciel nous voyons
Une sainte qui a vécu à la campagne comme nous
Pauvre comme l'enfant Jésus, dans un petit village
Germaine est né dans la maison d'un paysan.
Dès qu'elle eut la force de marcher, elle alla au champ
Garder les moutons comme nos enfants.
De temps en temps elle priait à genoux
Et elle tirait sur sa quenouille de lin.
Ses prières et son travail comme le parfum des fleurs
Montaient au ciel du milieu des landes.
Et quand elle pouvait elle courait à l'église, pieds nus
Et elle priait encore devant Jésus et Marie.
Sa quenouille plantée en terre faisait peur aux loups
Et protégeait ses moutons autour d'elle.
Le soir elle n'avait que des reprocjhes de la part de sa belle mère
Du pain sec comme repas et de la paille comme litière.
Les gens normaux se seraient moqués de la pauvre fille
Infirme du bras et de faible consistance
Même si elle était faible et menue pour les gens
La sainte fit alors plusieurs miracles
(La suite sur le site https://fv.kan.bzh/feuille-02695.html
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Brezhoneg
Perrot (An Otrou), Buez santez Germena Cousin, Montroulez, 1869
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6366047v?rk=21459;2
Le Diot (Corneille), Buhé, vertuyeu ha miracleu er vugulés Germénen Cousin, Guénèd, 1855, 126p.
Guitterel (Claude), Gwerz Germana Cousin, Sant-Brieg, 1875
https://fv.kan.bzh/feuille-02695.html
Français
wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Germaine_de_Pibrac
Stassinet (Bernard), L'histoire de sainte Germaine Cousin, 2014
http://www.auxracinesdupasse.com/vie-de-ste-germaine-selon-enquetes_1.pdf
Pindray (Anne de), La germaneta, éd. Le tournefeuille, 1996.
Castaing (Jean-Michel), http://cahierslibres.fr/2017/01/sainte-extraordinaire-sainte-germaine-de-pibrac/
English
Wikipedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Germaine_Cousin
St James Andrew, Germaine, requiem for a soul,
St Germaine Cousin : http://www.newadvent.org/cathen/06474a.htm