Trifenn (Trois têtes) : la symbolique celtique des trois têtes nourrit les créateurs d’aujourd’hui
La pose récente d’une sculpture à trois têtes à Porz Teolenn en Cleden Cap Sizun est à relier à la mythologie celte. Son auteur l’Allemand Werner Pressling l’a d’ailleurs baptisé Trifenn qui vient du breton Tri (Trois) et Penn (tête). Les dictionnaires bretons ancien nous indique l’existence d’un monstr trifennek ( monstre à trois têtes) qui trahit l’existence de traditions anciennes.
C’est dans un roman étonnant publié en 1924 le Sketla Segobrani que Meven Mordiern, nourrit de culture classique et celtique nous décrit ce monstre : En he c’hichen, war gab e revr, ur c’hi trifennek, kuilh, kigennek, divent, damwenn e liv, erezus evel eun teuz. Un daoulagad ruz o skediñ e peb-unan eus e dri fenn. En-dro d’e c’houzoug tev-euzus ur gelc’henn houarn. ( À côté d’elle, assis sur son derrière, un chien à trois têtes, dodu, musclé, énorme, aux couleurs blanchâtres,répugnant comme un fantôme . Une paire d’yeux rouges brillant dans chacune de ses trois têtes. Autour de son cou énorme, un anneau de fer.)
On pense tout de suite au cerbère grec et à la persistance dans les littératures indo-européenne ce ce mythe.
Plus original le guerrier celte qui a le pouvoir de se transformer en géant : Edo bremañ dre e vent par d’ar wezenn. En e c’houzoug tri fenn meurdezus gwisket warno talgen aour hag arc’hant ar roueed. War-dav e vane ar penn dehou hag an hini kleiz. Sellout a raent a-dreist d’ar c’hoadou ha d’ar mor, an eil oc’h evesaat ouz rouantelezh an doueed, egile oc’h arvestiñ rouantelezh ar re-varv. Hogen, war-du rouantelezh ar re-veo edo tro ar penn-kreiz. ( Il avait maintenant la taille d’un arbre. Au dessus de son cou se trouvent trois têtes majestueuses portant des couronnes de rois en or et en argent. Celle de droite et celle de gauche, silencieuses, regardaient les forêts et la mer, l’une observant le royaume des dieux, l’autre le royaume des morts. Cependant, c’est vers le royaume des vivants que se tournait la tête du milieu).
La littérature irlandaise regorge de ces évocations fantastiques de créatures à trois têtes :
Eno edo ur wrac’h euzhus ha du-moged he zrifenn, unan evit klemm, egile evit c’hoarzhin hag an trede evit kousket ( Il y avait là une vieille hideuse et noire comme la fumée, à trois têtes, une pour plaindre, une pour rire et une pour dormir).
La littérature celtique ancienne est une véritable mine pour nourrir la littérature fantastique d’aujourd’hui.

Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
E brezhoneg
Sketla Segobrani :
- Ar ramzez he c'hi trifennek, lenn en linenn war Wikimammenn
- Ar c'hadour bras trifenn, lenn en linenn
En français / e galleg
Le manuscrit irlandais de Leide, in Revue celtique, 1892, p.13
Salomon Reinach, Description raisonnée du musée de St Germain en Laye Tome 2 p186-191, lire en ligne sur Gallica