Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Le surréalisme, une origine bretonne : centenaire d’un mouvement artistique mondial

Alors que le Centre Pompidou à Paris fête le centenaire du Surréalisme, il est curieux qu’aucune manifestion artistique ne se produise en Bretagne alors que plusieurs grandes figures du mouvement sont bretons à commencer par “Le pape du Surréalisme”, André Breton le bien nommé : Desavet eo bet e Ploufragan gant e dad-kozh en doa bevet e bed marzhus mojennoù Breizh. Levezon ar mojennoù-se a santer hag e vuhez-pad ne baouezas ket a zaveiñ da Vreselien pe da Enez sun ( Elevé par son grand père de Ploufragan, il baignait enfant dans le merveilleux breton. Non seulement ce légendaire sous-tend sa vie durant laquelle il ne cessa de se référer à Brocéliande ou à l’Île de Sein).
Une île qu’il découvre grâce à son grand ami Yves Tanguy, aujourd’hui le plus côté des peintres bretons. Martial Menard consacra à cet enfant de Locronan un monumental ouvrage de René le Bihan, traduit pour les éditions An Here.

Yves Tanguy faisait partie d’une bande d’artiste à Montparnasse qui le suivait l’été chez sa mère à Locronan et chez ses cousins à Plestin-les-Grêves : Dedennañ a rae aze e geneiled eus Pariz : Marcel Duhamel, Pierre Prevert, André Breton, Michel Leiris, Paul Eluard, Benjamin Perret, ur bagad tud trouzus ha sec’hedik, prest dalbezh da skeiñ war-zu ar Menezioù du pe da gas o skasoù etrezek Kameled pe an inizi  Eusa ha Sun ( Il y attirait ses amis de Paris, Duhamel, Prevert, Breton,Leiris,Eluard, Perret, un groupe bruyant et assoiffé, toujours prêt à des virées dans les Montagnes Noires, à Camaret ou dans les îles d’Ouessant ou Sein).
Étonner est le maître-mot d’ Yves Tanguy : “Ar souezh an hini a ra ar muiañ a blijadur el  livouriezh” (La surprise est ce qui me cause le plus de plaisir en peinture”. Il n’est qu’à constater la réaction des visiteurs dans les grands musées américains, Yves Tanguy est le peintre le plus déroutant et le plus secret du monde surréaliste.
Ar surrealouriezh a oa stag ouzh e anv drochted, iskister ha bruderezh flammus. Yves Tanguy an hini a skrapas penn-da-benn an daolenn digant ar bed diavaez, an hini a livas ur “gweledva bredel”. Se a lakaas un den dizanv war renk kentañ diazezerien ul livouriezh nevez. ( Le surréalisme cherchait la loufoquerie, la bizarrerie et le battage publicitaire. Yves Tanguy est celui qui arracha complètement le tableau au monde exterieur pour peindre un paysage mental. Ceci hissait un inconnu au premier rang des fondateurs d’une peinture nouvelle).

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

La maison d'Yves Tanguy
(André Breton, 1939)

La maison d'Yves Tanguy
Où l'on n'entre que la nuit

Avec la lampe-tempête

Dehors le pays transparent
Un devin dans son élément

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus

Et la toile de
Jouy du ciel —
Vous, chassez le surnaturel

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Elle est de lassos, de jambages
Couleur d'écrevisse à la nage

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus
Avec toutes les étoiles de sacrebleu
Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules antennes

L'espace lié, le temps réduit
Ariane dans sa chambre-étui

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l'argonaute

Le service est fait par des sphinges
Qui se couvrent les yeux de linges

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l'argonaute
Avec le mobilier fulgurant du désert

On y meurtrit on y guérit
On y complote sans abri

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu'on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l'argonaute
Avec le mobilier fulgurant du désert
Avec les signes qu'échangent de loin les amoureux

C'est la maison d'Yves Tanguy

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg
René le Bihan, Renée Mabin, Martica Sawin, Yves Tanguy, emb. An Here, 2001. Troidigezh, Herve Seubil-Kernaudour.

Français sur Yves Tanguy
André Breton, Yves Tanguy par André Breton, Pierre Matisse éditions, New-York 1946, édition bilingue français-anglais
René le Bihan, Renée Mabin, Martica Sawin, Yves Tanguy, édition Palantines, 2001.
Centre Pompidou, Yves Tanguy, rétrospective, Paris 1982
André Cariou, Yves Tanguy, l'univers surréaliste, Somogy, Paris, 2007
Pierre-Jakez Hélias chez Yves Tanguy,
in Bretagnes, N°6, Morlaix 1977.
Liliane Riou, Ma vie blanche et noire, Note sur Yves Tanguy, La digitale, 1996

Français sur André Breton

André Breton, Le surréalisme, une énergie toujours intacte, Entretien sur France Culture, Time Code 19:00 écouter en ligne
André Breton, Braise au trépied de Keridwen, Préface à l'ouvrage de Jean Markale, Les Grands bardes gallois, 1956
Marc le Gros, André Breton et la Bretagne, édition Blanc Silex, 2000