1840 : La tempête (an tourmant), les descriptions apocalyptiques de la littérature bretonne.
Si le mot tourmant est utilisé dès le 15ème siècle et fleure bon la langue française, le breton ne manque pas de mots pour décrire ce phénomène climatique qui nous frappe chaque hiver : Barr-amzer, taol amzer, gwall amzer sont utilisés et quand les choses s’aggravent, on n’hésite pas à parler de tourmant ruz (tempête rouge).
Un texte de 1840 décrit une tempête bretonne : Petra eo an drouz-se a vranl ar forestoù, a strak er menezioù, a skrij en traoniennoù ? Ar yuderez heb fin, an horupl avel biz, strinket dreist hor pennoù, Yudal treiñ ha gourdrouz a ra gant trouz spontus. (Qu’est ce bruit qui ébranle les forêts, qui craque dans les montagnes, qui effraie dans les vallées. Ce hurlement sans fin au-dessus de nos têtes de l’horrible vent du nordet, qui mugit, tournoye et menace avec un bruit épouvantable).
Sur la terre, les dégats sont considérables : Ar grizilh, ur mor glav a gouez evel un diluj, ar wazhiouigoù zo en gwazhioù bras chenjet, hag an holl rivieroù tro war dro debordet, lodennoù menezioù a zo en em distaget, pontoù zo distrujet ha tiez diskaret, O restachoù a heuilh fulor an doureier ( La grêle, une mer de pluie tombe comme le déluge, les petits ruisseaux deviennent des torrents et les rivières débordent, des pans de montagnes glissent, des ponts sont emportés, des maisons détruites, et on retrouve les débris dans les flots en furie).
Sur mer, le spectacle est encore plus effroyable : Gwagennoù ar mor don a sav vel menezioù? al lestri , taolet ha distaolet a strink war ar ribloù, korfoù martoloded …O va bro, O natur ! o teatr a horror ! ( Les vagues de la mer profonde se lèvent comme des montagnes, les navires, ballotés jettent aux rivages le corps marins… Ô mon pays ! Ô nature ! Ô theâtre d’horreur !)
Le texte d’une certaine force se termine par une prière : Doue chadennit an tourmantoù diroll
(Mon Dieu, maitrisez les tempêtes infernales). Ce texte incite à la fraternité : Falvezout a ra deoc’h, O va salver, e resevfen e-barzh va zi an hini en deus kollet e hini, e partajfen frouezh va douaroù gant an hini en deveus dioueret e re ( Vous voulez mon Dieu que je reçoive dans ma maison ceux qui ont perdu la leur et que je partage le fruit de ma terre avec ceux qui ont perdu la leur).
Les métérologues ont baptisé la récente tempête qui a traversé la France d’un prénom basque, pourquoi pas un prénom breton la prochaine fois : La tempête Fañch serait tout à fait pertinent !
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
An Tempest, éd Ledan, Montroulez, 1840, Lenn en linenn