2024 : Un exploit éditorial : l’hebdomadaire Ya (Oui) vient de fêter cet été son millième numéro.
L’évènement est passé quasi inaperçu entre crise politique et frénésie olympique. Le 6 Août dernier, le seul hebdomadaire tout en breton a sorti son N°1000, avec un message tout simple : N’eo ket echu an hent ! Keit vimp Bev ! Dalc’homp krog eta ha deomp dezhi ! war zu an niverenn 2000 ! ( Ce n’est pas fini ! Tant que nous serons vivants ! Acrochons-nous et continuons vers le numéro 2000 !)
La grande force de Ya c’est son éclectisme, sa rigueur éditoriale et la qualité du breton. Parcourons les thèmes du dernier numéro: 80 vloaz zo, dieubidigezh Breizh ha Frañs ( Il y a 80 ans la libération de la Bretagne et de la France ; Ur c’hematorium evit al loened e Milizac ( (Un crématorium pour les animaux à Milizac) ; Un hêrezh diaes da lonkañ, hini purerezh Donez ( Un héritage lourd à porter, celui de la raffinerie de Donges).
La dynamique culturelle bretonne est régulièrement mise en valeur. Erwan Burban nous presente son prochain disque : Gant “Kren” e vo klevet 11 ton disheñvel da zañsal gant ar brezhoneg, ar gallaoueg hag ar galleg mesket. Ar pezh zo nevez eo ar vouezh liammet gant ar sonioù eklektronek, dreist holl gant an Auto-tune ( Avec “Kren”, on entendra 11 morceaux différents à danser, breton, gallo et français seront melangés. Ce qui est nouveau c’est le lien entre la voix et les sons électroniques avec la technique de l’auto-tune).
La dernière page nous fait découvrir la vie et les espoirs des jeunes brittophones : Labourat a ran gant tud yaouank etre 18 ha 25 evit sikour anezho da zibab ur vicher, da gavout ul labour, ul lojeiz, da gompren ar sistem melestradurel. ( Je travaille avec les jeunes de 18 à 25 ans pour les aider à choisir et à trouver un métier, un logement et comprendre le système administratif). Erell sait aussi conjuguer la solidarité : Abaoe an hañv e roan kentelioù galleg d’an divroidi, ha sikour anezho gant ar paperioù, aozet e vez ivez prantadoù c’hoari a-raok pep kentel, evit pakañ ur banne kafe ha c’hoari kartoù, roiñ a ra tro d’an dud divroet da gejañ gant tud nevez. ( Depuis l’été je donne des cours de français aux réfugiés, je les aide pour les papiers, j’organise des parties de cartes, on boit le café. Les réfugiés peuvent ainsi rencontrer d’autres gens).
Et que dire de la plume magnifique de Goulc’han Kervella nous racontant les amours tragiques d’un athlète russe et d’une sportive ukrainienne ” Olena hag Evgueni er c’hoarioù olimpek“. Aidez “Ya”, abonnez vous !
Pennad orin / Texte original
1907, ur skrivagner alaman war enez Eusa.
Bernhardt Kellermann a oa bet, adal amzer e yaouankiz, ur skrivagner brudet a-walc’h e anv, lemm e bluenn, ha prizet e oberennoù, ha bet skrivet gantañ, e 1910, ur romant lec’hiet war Enez-Eusa. Titl ar romant-se, a gredan klevet va lennerien o
c’houlenn ? "Das Meer", da lavaret eo, e brezhoneg, ar Mor. Neb a fell dezhañ skrivañ ur romant avat a rank bezañ titouret-mat diwar-benn an dud a vo dezrevellet o buhez en oberenn, hag ivez diwar- benn o gizioù hag o stuzioù. Ret eo dezhañ ivez gouzout resis diouzh an endro, diouzh an torosennadur hag an hin, rak anez un endro treset ar pishañ ‘r gwellañ ne c’hallo ket e levr bezañ gwirheñvel. Setu perak en doa bet tremenet Kellermann un toullad mizioù war an enezenn e 1907.
Kaer-meurbet eo romant Kellermann, n’eus ket da nac’h, ha kavout a raer ennañ un diskriv feal eus an enezenn. Al lenner en em gav diouzhtu, kerkent hag ar frazennoù kentañ, e-kreiz ar mor direizh, kounnaret hag ourladennus, fustet gant fourradoù avel o kornal hag o yudal, e-touesk tud rust, kalonek, hag a rank bevañ-bevaik-bevetez en un endro kalet. Ne rin ket anv amañ eus steuñvenn ar romant. Lennit anezhañ ma fell deoc’h.
Herve Gouedard in Ya N° 1000 p20
Troidigezh / Traduction
1907, un écrivain allemand sur l'île d'Ouessant
Bernhardt Kellermann était, dès sa jeunesse, un écrivain connu, ses œuvres et son style alerte étaient reconnues. Il écrivit, en 1910, un roman sur Enez-Eusa. Le titre de ce roman, je pense que mes lecteurs me le demanderont
« Das Meer », c'est-à-dire en breton la Mer. Cependant, quiconque souhaite écrire un roman doit être bien informé sur les personnes dont la vie sera décrite dans l'ouvrage, ainsi que sur leurs coutumes et traditions. Il doit aussi connaître exactement l'environnement, la topographie et le climat, car sans un environnement dessiné au mieux, son livre ne peut être réaliste. C'est pourquoi Kellermann avait passé plusieurs mois sur l'île en 1907.
Le roman de Kellermann est indéniablement beau et contient une description fidèle de l'île. Le lecteur se retrouve immédiatement, dès les premières phrases, au milieu de la mer dans tous ses états, en colère et déchaînée, secouée par des rafales de vent qui hurlent, parmi des gens courageux, qui doivent vivre et vivoter dans un environnement difficile. Je ne mentionnerai pas ici l'intrigue du roman. Lisez-le si vous le souhaitez.
Herve Gouedard, Ya N° 1000 p. 20 (traduction Google trad revue par B.Rouz)
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin