1924 : Il y a cent ans la publicité en breton bat son plein pour attirer le million de bretonnants de la campagne.
Ce sont les fabricants de médicaments qui ont été les premiers à faire de la publicité en breton pour les louzou mat evit ar yec’hed ( Les bonnes herbes pour la santé). Il y a cent ans, dans la ville de Brest très francisée, certains commerçants jouent la carte d’attirer le monde rural. Gwerzhañ marc’had-mat a ra va nerzh (Vendre bon-marché fait ma force) écrit le patron des magasins de tissus Brunet. Son concurrent Buttel va lui dans les fermes : An ti Buttel a gendalc’h da ober e zro dre ar vro a-bezh. Ra zeuio hon ostizien da deuler evezh pa vezimp o tremen : arabat eo dezho prenañ netra a-raok m’o deveze gwelet an traoù kaer ha kreñv a werzhomp, hag hor prizioù ne c’heller ket gwelloc’h egeto. ( La maison Buttel continue ses tournées dans tout le pays. Que nos clients fassent attention quand nous passons : il faut qu’ils n’achètent rien avant d’avoir vu nos beaux et solides produits et nos prix, on ne peut rien trouver de mieux).
Le monde des bretonnants, essentiellement paysans, est la première cible de ces marchands : Pa deuio ar poent da hadañ betterabez, karotez, dalc’hit soñj mat eus ar merk An Hader. Pa pezo bet eus outañ ur wech hebken e c’houlennoc’h anezhañ atav pa ho pezo gwelet pegen direbech eo an drevajoù ho pezo bet. (Quand viendra le temps de semer les betteraves et les carottes, souvenez vous bien de la marque Au Semeur. Quand vous l’aurez utilisé une fois vous la demanderez tout le temps car vous remarquerez que vos récoltes auront été irréprochables).
Bien entendu la clientèle des femmes est aussi aguichées par les horlogers-bijoutiers. Tud diwar ar maez, evit bezañ servijet mat, it da di Allain, rue Jean Macé. Kavout a reoc’h eno horolachoù, pendulennoù, montchoù, bizaouedoù, gwalennoù aour. Ti a goñfiañs, ar gwellañ marc’had, ar c’halite. An Ao. Allain a gomz brezhoneg. ( Gens de la campagne, pour être bien servis, allez chez Allain, rue Jean Macé. Vous y trouverez des horloges, des pendules, des montres, des bijoux, des alliances en or. Une maison de confiance, bon marché et de qualité. M. Allain parle breton).
Et bien sur on n’oublie pas le réconfort : Goulennit e pep ostaliri an Amer-Bordeaux, graet gant gwin kozh Bourdel ha Quinquina, Hennezh a roio deoc’h nerzh ha yec’hed (Demandez dans chaque bistro un Amer-Bordeaux, fait avec du vieux vin de Bordeaux et du quinquina, Il vous procurera force et santé) !
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Le Courrier du Finistère, Mars 1924, en ligne sur le site des Archives du Finistère
Denis Pichon, Normalisation d’une langue régionale dans la sphère économique: de l’utopie à la réalité: le cas de la langue, Thèse Université de Rennes II, lire en ligne