St Patrick, le saint irlandais qui inspira le mystère breton “Louis Eunius ou le purgatoire de Saint Patrice”
On connait le St Patrick évangélisateur de l’Irlande. Voici comment le présente Buhez ar Sent (La vie des Saints) qu’on lisait dans toutes les chaumières au XIXème siècle. Ar c’halonoù ar re galetañ, ar sperejoù ar muiañ aheurtet ne c’hellent ket herzhel ouzh an nerzh a roe Doue d’e gomzoù hag ouzh ar burzhudoù a c’hoarveze e kement lec’h ma tremene (Les coeurs les plus durs, les esprits les plus bornés ne pouvaient empêcher la force divine de sa parole ni les miracles qu’il accomplissait partout).
On connait moins le Purgatoire de St Patrice, un écrit important du Moyen âge parce qu’il diffuse l’invention du purgatoire, cet endroit où on pouvait se racheter de ses péchés et éviter l’enfer.
Il existe en breton un vieux Mystère du Purgatoire de Saint Patrice qui raconte la vie du gentilhomme occitan Louis Eunius : Me am eus lazhet tud, tanet ha violet ar merc’hed, Volet en henchoù bras , ul leanez diroudet, an drouk spered a varche em c’henver ( J’ai tué des gens, incendié et violé des femmes, volé dans les grands chemins, dévoyé une religieuse, le mauvais esprit marchait à côté de moi).
Pour se faire pardonner il part en pélerinage en Irlande où se trouve le lieu du Purgatoire de St Patrick dans une île du Loch Dearg. Mais ce parcours expiatoire n’est pas une sinécure : 8 démons l’attendent de pied ferme : Ma hay da greiz an tan evit ma vo devet ! Krouget a vezo ! torrit e izili ! torr e eskern ha goude migorn e fas ! ouzh ur rod e vi staget benn po graet div dro e vi tout diframmet ! (Qu’il aille au feu pour être brûlé, Il sera pendu, on lui cassera les os et on lui écrasera la face, on l’attachera à une roue qui l’écartèlera au bout de deux tours).
Dernière épreuve, Louis Eunius doit passer sur un pont glacé au-dessus du grand étang froid de l’enfer ou les damnés crient : « Taol an den fall amañ hennezh en deus pec’het muioc’h evidomp ( Jette ce mauvais homme ici, il a péché plus que nous ! )» Il invoque alors St Patrice Aotrou St Patri, fondator ar veaj-mañ, asistit ac’hanon betek an eur diwezhañ ( St Patrice, fondateur de ce voyage, assistez moi jusqu’a ma dernière heure) et il fait le signe de la croix, c’est le signe magique ! Il passe le pont glacé sans encombre et St Patrick de le rassurer : N’en deus pelloc’h warnoc’h veli an droug-spered (le Mauvais esprit n’a plus de prise sur vous !)
Aujourd’hui encore, le pélerinage de trois jours du Loch Dearg dans le Donegal attire des milliers de personnes chaque année.
Bernez Rouz
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Le prenom Patrick-Patrice
Le Noac'h (Alain)-Ó Ciosáin (Éamon), Immigrés irlandais au XVIIème siècle en Bretagne, T1&2 lire en ligne
Théâtre breton
Dottin Georges,Louis Eunius ou le purgatoire de Saint-Patrice, Paris, 1911.
Histoire
Gougaud (Louis), Les crétientés celtiques, Paris 1911, lire en ligne
Dottin Georges,