1838 : L’humour breton : complainte sur la mort de Grigri le matou (Gwerz war marv an targazh “Grigri”)
Le poète et chansonnier Prosper Proux de Guerlesquin est connu pour son humour féroce. Il n’hésite pas à détourner le noble exercice de la complainte pour en faire une parodie savoureuse, sur le thème de son chat. Kanit bremañ « Te deum » gozed, logod, razed Deus o adversour brasañ setu c’hwi delivret, Grigri an targazh terrupl a zo marv ( Chantez maintenant un Te deum, taupes, souris et chats, vous voici délivrés de votre plus grand adversaire, Grigri le matou est mort).
Et le poète de faire le portait élogieux de son chat : E groc’hen a oa flouroc’h eget ur voulouzenn, E zaoulagad lugernus evel div steredenn, E zent hag e ivinoù gwenn sin, lemm ha polis, E voustachoù grasius, siket dindan e fri, E gorf a oa dilikat, e droad moan ha lijer. (Sa peau était douce comme le velours, Ses yeux brillants comme deux étoiles, Ses dents blanches comme un cygne, et ses griffes aiguisées et polies, Ses moustaches gracieuses fichées sous son nez, Son corps délicat, sa patte fine et légère …
Bref le roi des matous n’avait qu’un inconvénient, c’était un matou ! Dievezh eo skampet vit redek an toennoù war lerc’h ar gazhezed, Eizhteiz diouzhtu e renas ur vuhez meurbet mezhus mesk bep seurt dizhurzioù ( Il est parti sans bruit pour courir les toits à la recherche de minettes. Pendant huit jours il vécut une vie honteuse et complètement déréglée)
Et voici notre Don Juan à la maison dans un état pitoyable : Distruj, kasti, diflaket, foulet en em drênañ, E lagad hanter varv hag e lost o stlejañ ha gant ur vouez truezus e lavaras neuze « Deus va holl dibouelloù setu me puniset, Ar marv gant ar poezon a red em gwazied ». ( Épuisé, amaigri, affaibli, se traînant la queue basse, l’oeil à moitié fermé, il dit alors d’une voix misérable « Me voici puni de mes folies, le poison de la mort court dans mes veines).
Et le poète de créer une ode à son matou Grigri bien aimé.
N’en deus graet nemet tremen ‘vel ur rozenn dener, Rouanez flamm ha lirzhin deus an nevez amzer A weler o tigeriñ dindan glizh ar beure Alies a varv goeñvet a-raok ma vez kreisteiz (Il n’a fait que passer comme une rose tendre, Reine lumineuse et joyeuse du printemps, Qu’on voit s’ouvrir dans la rosée du matin, Et qui s’épanouit et meurt avant midi).
En breton quand on dit qu’on se régale, on empoie l’expression très féline ober lip-e-bav, littéralement se lêcher la patte. Trugarez Aotrou Prosper Proux (Merci M. Prosper Proux).
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Oberoù Prosper Proux Oeuvres de Prosper Proux
Canaouennou graet gant eur C'Hernewod, 1838
Bombard Kerne, Jabadao ha kaniri, 1866
Adembannadurioù (rééditions)
Prosper Proux. Studiadenn var e vuez, e lizerou, e varzoniez, tezenn gant Frañsez Jaffrennou, Roazhon, 1913.
Prosper Proux, Oberoù klok, adembannadur skoueriekaet ha kentskrid gant Goulven Pennaod, Preder Genver-Chwevrer 1975
Prosper Proux : 1811-1873 : un poète et chansonnier de langue bretonne : vie, œuvres, correspondance comprenant de nombreux inédits, présenté par Yves Le Berre, Jean Le Dû et François Morvannou, Brest, Centre de recherche bretonne et celtique, 1984, 343 p., bibliographie p. 337-342, index, texte en breton et trad. française
Bombard Kernev, Daskor éditions, 106p, 2015
Diwar-benn / Au sujet de
Le Garrec (Toussaint), Da Brosper Proux, 1919.
Luzel (François), Deux bardes bretons du XIXe siècle, Auguste Brizeux et Prosper Proux, par F. L. Luzel,... (14 mai 1873), Quimperlé, 1888
Labbé (François), Prosper Proux, le barde populaire, Centre d'histoire de Bretagne,
P.M. Mevel, Prosper Proux, in Ar Falz, N°1, 1956
J.M. Huitorel, Prosper Proux et les bardes de Poullaouen, in Poullaouen, Histoire et traditions, 1976. VII (2p)
Le Telegramme, Prosper Proux, un barde égrillard, 11 novembre 2007.
Wikipedia brezhoneg
Wikipedia Français