1902 : La destruction de la ville de Saint-Pierre de Martinique racontée dans une gwerz
Il y a cent vingt ans, la complainte An dislonk-tan littéralement le vomissement de feu, raconte l’éruption du Mont Pelé en Martinique. L’auteur se tire remarquablement de cet exercice de vocabulaire peu commun pour décrire un phénomène inconnu en Bretagne.
Ar menez ‘vel e kounnar/A gren, a c’hrosmol e bep mar/Hag e volkan vras ‘ sklap ludu/Pell en dro dezhi a bep tu/ Ur stêr ledan a bri/Zired anezhañ ‘ ur virviñ, Kant hanter kant den oa tapet/ ha Siwazh interet e bev e-barz ar pri berv (La montagne comme en colère tremble et grogne de toutes parts, son cratère crache des cendres loin autour d’elle, un large fleuve de boue, descend en bouillant. 150 personnes sont attrapées et enterrées vives dans la lave.)
Ce n’est que le début de l’éruption. Trois jours après, le jour de l’ascencion le volcan se déchaine : Lein ar menez a zigoras/ Intraillou berv an douar a strink/ en ur strakal d’an aer/ An douar a faout, a zigor ;/ Ar vein n’em vruzun hag ar mor/gant an dinerz e oa sklapet/War e giz ‘spenn 500 troatad (Le sommet de la montagne explosa, les entrailles bouillantes de la terre jaillirent en éclatant, La terre se fend, s’ouvre, les pierres s’effritent et la mer par la force des éléments est rejetées a plus de 500 pieds).
Pour les habitants de St Pierre pris au piège il n’y a aucun salut : An dud strafuilhet gant ar spont/A c’haloup du-mañ ha du-hont,/ Mes holl a rankont chom siwazh/ Da c’hrilhañ e-barzh ar forn Vras. (Les gens saisis de peur s’enfuient de-ci de-là. Mais tous sont piégés et grillent dans la grande fournaise).
La gwerz indique 40 000 morts, les historiens 26000. Quoi qu’il en soit c’est une des plus grandes catastrophes volcaniques connues dans le monde. Le chansonnier sait émouvoir son auditoire : Ar pezh a oa kent ur gerig vrav/ N’he deus mui netra en he sav/Neus anezhi ‘met ur vro zu Goloet a c’hlaou hag a ludu ( Ce qui était avant une jolie ville, il ne reste plus rien debout, Ce n’est plus qu’un pays calciné, couvert de charbon et de cendres).
Kolaik Pennarun, qui signe cette chanson sur feuille volante était concierge au lycée de Quimper où professait Anatole le Braz. La qualité du breton montre sans doute une relecture du maître. Cette chanson sur feuille volante, chantée dans les foires servait de Twitter à l’époque. Tous ces trésors sont sur le site Kan.bzh et les versions chantées sur Dastumedia.bzh.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Pennarun (Kolaig), An dislounk tan, in Kan.bzh
Dastumedia