1774 : Un traité bilingue sur les accouchements, pour les sage-femmes de Morlaix
Nommé chirurgien à l’hôpital de Morlaix en 1759, l’Angevin Bouestard de Latouche s’aperçut très vite de la mortalité infantile désastreuse due au manque de formation des sages-femmes. Pour y remédier il créa une école en 1773 et publia l’année suivante une traduction bretonne des Instructions succintes sur les accouchements de Joseph Raulin. Eürus en em gavfen ma c’hellfe va c’hentelioù war ar gwilioudoù sklerijennañ an amiegezed n’o deus ket an disterañ anaoudegezh eus ar vemproù ar vamm hag ar bugel war bere ec’h operont. (Je serais heureux si mes cours pouvaient éclairer les sage-femmes qui n’ont pas la moindre connaissance des parties de la mère et de l’enfant sur lesquelles elles opèrent).
Pour remédier au manque de connaissance, le chirurgien décrit avec précision, schéma à l’appui, les organes féminins : Ar vajin a zo heñvel oc’h ur pennad bouzellenn-danav : komañs a ra er muzelloù bras, tremen a ra dre ar c’han askornek eus ar vasin etre ar soroc’hell hag ar vouzellenn diwezhañ hag echuiñ a ra e-tro an hanter eus a c’houzoug a vatris. ( Le vagin est semblable à une portion d’intestin grêle : il commence aux grandes lèvres, passe par le canal osseux du bassin, entre la vessie et le rectum et se termine vers le milieu du cou de la matrice).
Avec des schémas explicites, il décrit dans un langage clair, les différentes phases de l’accouchement : Ar wreg poaniet a dle atav harpañ start he zreid oc’h un dra bennak stabil, astenn he divrec’h gant nerzh hag harpañ he c’hein oc’h un dra bennak, derc’hel un den bennak dre he daouarn evit gallout en em reudiñ gwelloc’h ha poulzañ ouzh an traoñ ( La femme en travail doit toujours appuyer fortement les pieds contre un support stable, tendre ses bras avec force, appuyer ses reins contre quelque chose de dur, tenir quelqu’un par la main pour mieux se raidir et pousser en bas).
A l’époque les sages-femmes dépendent du recteur de la paroisse, leur tâche peut être aussi religieuse : Pa vadezer ur bugel pehini a deu da c’henel, e skuilher an dour war e benn noazh ha mar emeur er goañv e tleer tommañ un nebeudig an dour ( Quand on baptise un nouveau-né, on lui verse de l’eau sur sa tête nue, et si c’est l’hiver on doit réchauffer un peu l’eau).
Des conseils de bon sens donc, mais il y en avait bien besoin à une époque où la mortalié due aux accouchements concernait un décès sur deux.
Bernez Rouz
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Le Menn (Gwenole), Instructions succinctes sur les accouchements traduites en breton par Bouestard de Latouche (1774), éditions Skol, 2005, 510pages.
Stofft (Henri), Segalen (Jean), Bouestard Médecin, Philosophe, Franc-maçon et jacobin, 1730-1810, 1989
Dujardin (Louis), Frouezh rouez e-touez strouezh, Al Liamm, 1949
Kervella (Goulc'han), Médecine et littérature en langue bretonne,éd du Liogan, 2000.