1600-1760 La Bretagne terre d’asile pour les Irlandais chassés de leurs terres
On les appelait les Hibernois, les Irois, les Islandois, et en breton an Islantret ou an Irlanded. Par milliers, ils sont venus se réfugier en Bretagne à partir du XVIIème siècle parce qu’ils étaient chassés de leurs terre par les Anglais. Un cantique breton à la Vierge, daté de 1688, évoque le drame des Irlandais catholiques : Pedomp-hi da reiñ kouraj ha nerzh d’an Irlanded Da rezistañ ouzh araj an holl heretiked, Ma c’hellint gant asurañs profesiñ o lezenn Ha bevañ obeisant d’ar gwir iliz romen (Prions la Vierge de donner du courage et de la force aux Irlandais pour résister à la rage des hérétiques, Qu’ils puissent avoir l’assurance de vivre leurs lois et vivre en obéissance avec la vraie église romaine.)
Ces Irlandais qui arrivent par petit groupes sur les côtes bretonnes sont diversement accueillis par nos ancêtres mais rapidement assimilés car ils étaient catholiques et royalistes et savaient cultiver la terre. Dans le Léon on les affubla du surnom C’hoc’horet un terme obscur né des sonorités incompréhensibles de la langue des immigrés, le Gaélique.
Nombre d’Irlandais deviennent prêtres, marchands, commerçants mais la plupart se fondent dans la population rurale. Alain Le Noac’h et Eamon o’ Ciosain ont étudié ces noms souvent déformés dans les registres paroissiaux : si on reconnaît facilement, Connor, Donevan, Macarty, Sullivan comment soupçonner un nom d’origine irlandaise dans Quest, Auregan, Morel, Rien, Roche, Cran, Crehen etc
En 1850, Hersart de la Villemarqué emprunte un vieux mot breton trouvé dans Buhez Santez Nonn (Vie de Ste Nonn). Irlande se dit au 15ème siècle Yuerdon ou Hiverdon semblable au gallois Iwerddon prononcé Iwerzon. Ce mot est adopté par les écrivains bretonnants mobilisés pour la cause irlandaise tel ce chant Ar paour kaezh Iwerzhonad (Le pauvre Irlandais) écrit par Eugène Coroller de Quintin : Evit Iwerzhon, ma zad zo marv, ma breudeur ivez ’n ur stourm evit ar vro, Eus hon tiegezh chomet va unan ‘Vit mervel ivez me ya d’an emgann (Pour l’Irlande mon père est mort, Mes frères aussi en luttant pour la patrie, Je reste le seul de ma famille, Et pour mourir aussi, je vais au combat !).
Cette détermination débouche sur l’accord de paix, signé il y a 100 ans et qui met presque fin à 7 siècle de domination anglaise. « La France salue avec émotion l’Irlande libre » peut-on lire dans l’Ouest-Eclair. Des relations qui reste toujours très fortes de nos jours, surtout en Bretagne.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
En français
Le Noac'h (Alain) - Ó Ciosáin (Éamon), Immigrés irlandais au XVIIème siècle en Bretagne, Skol uhel ar Vro, 2006.
Le Noac'h (Alain) - Ó Ciosáin (Éamon), Immigrés irlandais au XVIIème siècle, T.II, du centre Bretagne à Lannion, ed Skol uhel ar vro, 2009.
Ó Ciosáin (Éamon), Les Irlandais en Bretagne (1603-1680), invasion, accueil, intégration, Actes du colloque Irlande et Bretagne, relations Historiques, 1993.
Ó Ciosáin (Éamon), La langue irlandaise et les Irlandais dans le dictionnaire de la langue bretonne de "Dom le Pelletier", in Bretagne et pays celtiques, Mélanges à la mémoire de Léon Fleuriot, P.51-62
Le Mercier d'Erm (Camille), Irlande à jamais, Ode aux martyrs de 1916, 1919.
E Brezhoneg
Meaven, Iwerzon dishual, skol st Enda, in Gwalarn 1932
Meaven, Ar follez Yaouank, Gwalarn, 1932
Farnachanavan, Rener meur Iwerzon Douglas Hyde, in Gwalarn, N°119-120, 1938, P.56
Farnachanavan, Iwerzoniz e Breiz uhel, in Gwalarn, N°122, 1939, pp14-15.
Ar Bihan (Per), Iwerzhon 1919-1929, Ar politikerez hag an emgann evit ar yezh, Al Liamm N°1, 1946 p 17-19
Brug ar Menez du, Iverzon, gwelet gant ur Vretonez, emb Thomas, Gwengamp, 1933.