1821 : Il y a 200 ans le dictionnaire celto-breton de Le Gonideg, père du breton moderne
En ce week end du patrimoine, allez au cimetière de Lochrist au Conquet (Konk-Leon) saluer Jean-François Le Gonideg père du breton moderne. Il y a deux cents ans, il publiait son dictionnaire Celto-Breton de 462 pages qui sera la référence absolue de tous les dictionnaires à venir. Surnommé Reizher ar yezh (le correcteur du breton), son travail prend à rebours le brezhoneg beleg (breton de curé) du XVIIIème siècle où il était de bon ton de truffer son breton de mot français.
Fellet eo bet din tennañ diouzh un dismantr didec’hus yezh hon tadoù. Ma am eus graet un dra bennak evit dellezout ho meuleudi, e tlean kement-se d’ar garantez evit ar vro (J’ai voulu tirer d’une ruine inévitable l’idiome de nos pères. Si j’ai fait quelque chose pour mériter vos éloges, je le dois à l’amour du pays).
Fonctionnaire à Angoulème pendant 15 ans, ses dictionnaires et sa traduction de la Bible lui donne une aura incontestable dans les milieux celtisants : Hon mestr siwazh a zo er bez, Ra deuyo an douar da vezañ skañv d’e gorf paour (Notre maître est hélas au cimetière, Que la terre soit légère sur son pauvre corps). En 1845, on lui grave une épitaphe : Deskit d’an holl anv Ar Gonideg, Den gouiziek ha Den fur, tad ar gwir Brezhoneg (Faites que tous connaissent le nom de Le Gonidec, homme savant et sage, le père du breton authentique). On lui dédie un poème dithyrambique : Dezhañ e tleomp talvoudegezh ar reizh a welomp zo hirio er yezh kaer eus hor breizh (On lui doit d’avoir écrit les règles qu’on lit aujourd’hui dans notre belle langue de Bretagne). La Villemarqué se fend d’un poème où il le compare au phare qui guide notre langue : Brasoc’h eo ar gaouad levenez a lakas va c’halon da zridal, un nosvezh ma welis Gonideg, da dour-tan benniget O vleniañ lestr hor yezh ! ( La joie qui m’inonde est encore plus grande quand je vois Gonideg comme un phare qui guide le navire de notre langue).
Des gallois viennent l’hommage suprême, le pasteur Jenkins de Morlaix fait graver sur sa tombe en gallois et en breton sa reconnaissance d’avoir été le premier à avoir traduit la Bible en breton : Ac am droi, y gentav, yr holl Vibl santaidd Y iaith y brithoniaid – Hag evit troiñ ar c’hentañ, an holl Vibl santel e yezh ar Vretoned.
Et en 1913, lors d’un énième hommage, on grava sur sa tombe monumentale une nouvelle inscription : Trugarez (merci), c’est le mot qui convient.
Pennad orin / Texte original
Ar Gonidec, den mad,
He hano zo ama,
Da arouez a wir veuleudi
hag ar garantez denera,
War eur peul-van savet
Gant breudeur Bretoned
Breiz vihan ha
Breiz-veur Gomered ;
Dre ma kare e vro
Hag he iez ar Brezonek
Da b'hini e reaz ger-levr
Hag ive eur grammar,
Hag evit trei, ar c'henta
Ann holl Vibl santel
E iez ar Vretoned.
Labour braz, mad, celestiel.
Troidigezh / Traduction
Le Gonidec, homme de bien,
son nom est ici,
en témoignage d'éloge sincère
et du plus tendre amour,
sur une colonne de pierre élevée
par des frères Bretons
de la petite Bretagne, et de
la Grande-Bretagne, Celtes,
parce qu'il aimait son pays
et sa langue bretonne
en laquelle il fit un dictionnaire
et aussi une grammaire,
et parce qu'il traduisit, le premier
toute la Sainte Bible
dans la langue des Bretons.
Œuvre grande, bonne, céleste.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Wikipedia : Jean-François Le Gonidec
Trésor-Breton : Le Gonidec, père du "vrai breton"
Levrlennadurezh / Bibliographie
- Grammaire celto-bretonne, 1807, 1839.
- Dictionnaire celto-breton,
- Edition de 1821, Trémeau, Angoulême.
- Edition de 1847 - 1850, augmentée par La Villemarqué, éd. Prudhomme, Saint Brieuc.
français-breton et Essai sur l'histoire de la langue bretonne ;
breton-français et grammaire bretonne,
- Vocabulaire, édition de 1860 revue par A. E. Troude, éd. Prudhomme, Saint-Brieuc.
Vocabulaire français-breton ;
Vocabulaire breton-français, - Katekiz historik 1821, Trémeau, Angoulême.
- Nouveau Testament, 1827 : Testamant nevez hon Aotrou Jézuz-Krist, Trémeau, Angoulême.
- Ancien Testament : Bibl santel pe levr ar skritur sakr, traduite de la Vulgate latine entre 1829 et 1834 ou 1835, mais seulement publiée en 1866 à Saint-Brieuc, en trois volumes, aux éditions Prud’homme, imprimeur de l’évêché de Saint-Brieuc.