Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1871 : Withley Stokes, fonctionnaire britannique et maître du vieux breton

Curieux personnage que Withley Stokes, après des études à Dublin, il devient haut fonctionnaire de l’empire britanniques aux Indes. Spécialiste du vieil irlandais, il apprend le gallois, le cornique, le breton et participe à l’aventure de la Revue Celtique, née il y a 150 ans. Dans le premier numéro de cette revue mythique, celui qui est considéré comme le plus grand celtisant du XIXème siècle signe trois articles. Sa profonde connaissance des langues anciennes fait faire des progrès énormes aux études celtiques. Ainsi il trouve dans un manuscrit cornique du XVème siècle le mot bleithros qu’il rapproche immédiatement du gallois bleidd et du breton bleiz :  le loup. Plus loin en étudiant les versions du Catholicon, le plus vieux dictionnaire breton (XVème siècle) il rajoute bleiz bras (grand loup) et bleizic (petit loup).

On imagine bien le savant celtisant sous la chaleur tropicale de Calcutta compulsant des copies de manuscrits gorgés de trésors linguistiques. C’est grâce à ses recherches qu’on comprend nos vieux noms breton : ainsi Morgan écrit Morcant au IXème siècle puis Morgant vient de mor/meur (grand) et cant (blanc, brillant) qui a donné le verbe kannañ blanchir, laver. W. Stokes vous explique qu’on trouve can en gallois et en cornique, cannach en irlandais et canto en gaulois. Ses travaux nous permettent de comprendre le sens des noms Hingant (hen-gant = vieux et brillant) ou Gurgant (gour-gant = homme brillant) mais aussi de combattre de fausses éthymologies comme Morgane personnage du mythe arthurien, qui ne vient pas de mor (mer) et ganet (née), mais de la déesse irlandaise Morrigane qu’il traduit par “reine fantôme”.
Withley Stokes enrichit notre connaissance de l’ancien breton par la publication  et la traduction en anglais d’un livre de dévotion de 1524. On y cerne mieux la mentalité de l’époque avec cette énumération des cinq péchés capitaux : muntrer volontaer, pec’hed a sodomi, opresiñ ha fouliñ ar beorien, uzuriñ, miret o salaer digant ar beorien hag ar gwir labourerien. ( le meurtre volontaire, la sodomie, l’exploitation des pauvres, les taux d’intérêt et les ponctions sur les salaires des vrais travailleurs et des pauvres). Les trois adversaires de l’humanité sont désignés sans ménagement : ar c’hig, ar bed hag an aerouant (la chair, le monde ouvert et le diable). Traduisez en langage actuel : la débauche, la mondialisation et l’impiété. Les trois vertus sont par contre : feiz, esperañs ha karantez, la foi, l’espérance et l’amour. 
Sa profonde connaissance des langues anciennes a fait faire des progrès énormes aux études celtiques.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Wikipedia français : https://fr.wikipedia.org/wiki/Whitley_Stokes

Wikipedia english : https://en.wikipedia.org/wiki/Whitley_Stokes

Articles de Whitley Stokes concernant la langue bretonne :

Stokes (Whitley), Middle breton hours, Calcutta, 1876
https://archive.org/details/middlebretonhou00churgoog/page/n118/mode/2up
(ce livre concerne le Missel du Léon daté de 1526, et les Heures de Kerampuilh édité en 1576)
Le Catholicon de Jehan Lagadeuc, in Revue celtique N° 1, pp395-436, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6480789j/f423.item
The breton glosses at Orléans, in Transactions of the philological society, London, 1887, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1467-968X.1887.tb00114.x

Articles concernant les travaux de Whitley Stokes concernant la langue bretonne

Loth (Joseph), The breton glosses at Orléans by Withley Stokes, in Revue celtique, 1887, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211035g/f506.image.r=Withley%20Stokes?rk=171674;4