1968-2000 : Anthologie de la littérature bretonne : l’effet mai 68
Très attendu, le quatrième tome de la littérature bretonne du XXème siècle par Fransez Favereau vient de sortir. Il est intitulé Efed Mae 68 (L’effet de mai 68). Pendant ces 30 vloaz glorius,(Trente glorieuses) on dit adieu aux vieilles lunes de la bretonnitude. On tourne la page, à l’image de Yod Kerc’h (bouillie d’avoine), le Charlie-hebdo breton qui se moque de tout et de tout le monde : koumanant : ur c’hasedad chouchenn, chomlec’h : tavarnioù ha gweleoù, ger stur : Hiziv bevañ zo evañ (prix de l’abonnement : une caisse de chouchenn, adresse : les bistrots et les lits, devise : aujourd’hui vivre c’est picoler.). La revue iconoclaste servira de banc d’essai à toute une génération d’écrivains.
Les plus politiques n’y vont pas par quatre chemins : « Lambigañ a reomp alkool ur yezh forbannet ! (Nous distillons l’alcool d’une langue maudite), dit Paol Keineg, Yann-Bêr Pirioù déclame ses « Mallozhioù Ruz » (Malheurs rouges), Yann-kêl Kernalegenn s’écrie Deomp pelloc’h, d’an aer fresk, d’ar mor ec’hon, d’an dud difeson. Traoù nevez ha bras ! Buhez mar plij ! ( Allons plus loin chercher l’air frais, les mers immenses, les personnages improbables. Du neuf, du grand ! De la vie s’il vous plait !)
Devant tant de fougue, les grands poètes comme Anjela Duval sont au sommet de leur art : Pa welan lili-dour al lenn, me garje bout un alarc’h gwenn, Pa glevan an Avel o c’hwezhañ, Me garje bout un delenn, Pa zeuy en dro Nevenoe, Me garje bout ar Menez Bre (Quand je vois le lys sur le lac, j’aimerais être un cygne blanc, Quand j’entends le vent qui souffle, j’aimerai être une harpe, Quand Nominoe reviendra, j’aimerai être le Menez Bre). Pierre-Jakez Helias lui-même s’enflamme En amzer vremañ, e sav tanioù war pep run, Ar Gelted a viskoazh, emañ o soñj en argad, Ur marc’h e voue ruz a ra fring en o lagad (Aujourd’hui brûlent des feux sur chaque colline, Les Celtes de tout temps ne pensent qu’au combat et font cabrer dans leurs yeux de rouges montures).
Les chanteurs portent le message : Alan Stivell chante gwriziad difennet (racines interdites), galloud ar gerioù a zigor dimp ur bed (Le pouvoir des mots nous ouvre au monde) ajoute Gilles Servat, quand à Gweltaz il prône carrément la révolte : Ma breudeur a-vremañ, Pa’z en em savit-hu, Dalc’hit soñj atav Deus ar bonedoù ruz (Mes frères d’aujourd’hui, quand vous vous révolterez, rappelez vous les Bonnets Rouges !). Toute une époque !
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Favereau (F), Lennegezh ar brezhoneg en XXved kantved, T. 4, 1968-2000, Skol Vreizh, 2020.
Favereau (F), Anthologie de la littérature bretonne du XXème siècle, Tome IV, 1968-2000, Skol Vreizh, 2020.