1792 : Chanson satirique contre le train de vie des députés
L’anti parlementarisme ne date pas d’aujourd’hui : de tout temps les hommes politiques ont été la cible de leurs détracteurs. La Revue Hor Yezh (Notre langue), vient de publier un document rare qui concerne les députés de l’Assemblée nationale législative. Ceux-ci, dans la veine des chansons satiriques bretonnes, sont chargés de tous les maux : An ourgouilh hag an avarisred, al lubrisite hag an avi, an debriñ pe evañ direglet, ar goler hag an diegi a oa reprouvet er gristeniezh evel seizh pec’hed kapital. Emaint bremañ o seizh asamblez en Asamble nasional (L’orgueil, l’avarice, le vice et la jalousie, les banquets arrosés, la colère et le mépris, les sept péchés capitaux condamnés par l’église sont entrés à L’Assemblée nationale).
Notre chansonnier fustige Le sentiment fortement affirmé des parlementaires d’être le centre du monde : Dre ourgouilh o deus degaset ur paper da reiñ da intent e rentont ar bed-holl estonet en ur gontempliñ o spered, Anzavet nend eus den fur nemete en amzer-mañ na bet gwezhall (Par orgueil, ils ont publié un papier pour affirmer qu’ils sont la lumière du monde entier, que de tout temps il n’y a jamais eu de personnes plus avisées qu’eux).
Bien entendu, les députés trouvent des solutions pour boucher le trou du budget sans toucher à leurs indemnités : O boukloù arc’hant o deus roet evit sikour paeañ ar gle, met o fañsion o deus miret ha taoset da nav skoet bemdeiz…Gwell eo gante mont da chervantat da Luzembourg pe d’ar Voxal evit nend eo labourat en Asamble nasional (Ils font don de leurs boucles d’argent pour payer la dette mais leur pension est portée à neuf écus par jour ! Ils préfèrent faire bombance au palais du Luxembourg ou dans un Vauxhall que travailler pour l’Assemblée nationale.
L’auteur est quelqu’un de bien informé puisqu’il rend compte de l’ambiance des séances de l’assemblée : Ar blasfemoù hag an injurioù, ar salmennoù hag ar skandal ne glever ken seurt litanioù… Mar o blamer deus o dekredoù o deus o rezonioù brutal, e reer alies re gorfadoù (Blasphèmes, injures, incantations et scandales, voici les litanies qu’on entend, et si on critique les lois on a le droit à des répliques cinglantes nourries par des gens avinés).
La publication d’une satire des excès de certains parlementaires montre que la Révolution avait apporté au peuple français un droit fondamental : la liberté d’expression : ar frankiz da gomz.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Seubil gKernaudour (Herve), Ur ganaouenn satirek eus 1792 a-enep d'ar vodadenn vroadel, in Hor Yezh, N°301-302, Mezheven 2020, p. 45-54