1870 : KERFANK la tragédie de l’armée de Bretagne à Conlie (Sarthe) d’après les complaintes
A la chute de l’empire de Napoléon III, suite à la défaite de Sedan contre les Prussiens, Léon Gambetta dirige le gouvernement de Défense nationale le 4 septembre 1870. C’est la levée en masse : Partiet eo an dud yaouank betek daou-ugent vloaz, Memes evit ar re dimeet deut an urzh memestra, kalz ac’hanomp zo tud reformet (Tous les hommes jeunes jusqu’à 20 ans ont eu l’ordre de partir, même ceux qui étaient mariés ; nombre d’entre nous étaient réformés).
L’Armée de Bretagne reçoit l’ordre de se regrouper à Conlie dans la Sarthe sous les ordres du général de Keratry. A l’heure où royalistes et républicains se disputent le pouvoir, Gambetta se méfie de cette armée qu’il soupçonne de chouannerie. Les Bretons sont confinés tout l’hiver sous un temps épouvantable : Pa voent avañset gant o hent, voent joaius ha laouen, ken ’n ur gwelet an teltennoù lec’h oa ret monet, mesk ar plouz munut, c’hwec’h ha c’hwec’h da gousket, neuze oa bet seizet kalonoù ar gwazed o welet e peseurt mizer en devoa Yann soudard kreiz ar goañv kalet, an erc’h war an douar ( Ils partirent joyeux mais en voyant les tentes ou il étaient logés par 6 sur la paille, ils furent atterrés de voir dans quelles conditions ils allaient passer l’hiver rude et enneigé).
Au lieu d’aller combattre les Prussiens qui avaient encerclé Paris et atteint la Loire, les conscrits bretons furent réduits à l’inaction, sans armes. Mar boa kriz bout ‘barz kamp Conlie, mesk ar plouz hag ar pri, krisoc’h e oa c’hoazh pa ranken mont d’ar c’hoad, tri deiz ha teir noz hep kousket berad ( Si c’était cruel de nous parquer à Conlie dans la paille et la boue, c’était encore pire en exercice dans les bois. Trois jours, trois nuits sans dormir).
Dans ces conditions inhumaines, la maladie s’installe dans le camp : Na oant ket tri miz pozet a oant en em abimet, mezh oa o gwelet o vale tro ar ru, tud yaouank kreiz o brud goloet gant an astuz ( Au bout de trois mois, ils étaient en triste état : les jeunes gens dans la force de l’âge défilaient dans les rues couverts de vermines).
131 soldats sont morts sur le site de Conlie, autant parmi les 2000 malades évacués. Un monument porte l’inscription D’ar Vretoned trubardet e Kerfank Conlie, Dalc’homp soñj (Aux Bretons trahis au village de la boue de Conlie. Souvenons-nous). Un week end commémoratif est prévu sur place les 17-18 octobre.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Nicolas (Serj), Guerre de 1870 et Commune de Paris dans les chansons sur feuilles volantes en Basse-Bretagne, éd. Institut culturel de Bretagne, 2016, 118p.
Kan.bzh :
Kentoc'h ur wregig eget kamp Conlie (C-00122)
Kimiad Paotred Lanarvilly a barti da Conlie (C-00916)
Kimiadoù an den yaouank a Vreizh-Izel o partial gard mobilizet er bloavezh 1870 en amzer a Vrezel (C-00918)
Kimiad gwazed yaouank parrez Roudoualeg eus an eil glas a gard mobil (c- 00512)
BECEDIA : Le camp de Conlie drame ou cafouillage ? http://bcd.bzh/becedia/fr/le-camp-de-conlie-drame-ou-cafouillage
JAY (Aimé), L'armée de Bretagne, 22 octobre-27novembre 1870, Plon 1873, 418p
Arthur de La Borderie, Le Camp De Conlie et L'armée De Bretagne : Rapport fait à L'assemblée Nationale, Paris, Plon, , 359 p. (lire en ligne [archive])
Émile de Kératry, Armée de Bretagne, 1870-1871 : dépositions devant les Commissions d'Enquête de l'Assemblée Nationale avec carte à l'appui; rapport de la Commission d'Enquête, Paris, Lacroix, , 362 p. (lire en ligne [archive])
Camille Le Mercier d'Erm, L'étrange aventure de l'Armée de Bretagne : le drame de Conlie et du Mans, Paris, Presses universitaires de Bretagne, , 303 p. (lire en ligne [archive])Aimé Jay, L'armée de Bretagne, 22 octobre-27 novembre, 1870, Plon, 1873, 418p.
Philippe Le Moing-Kerrand, Les Bretons dans la guerre de 1870 : le camp de Conlie et la bataille du Mans, Paris, , 288 p.
Sibenaler (Jean), Les soldats oubliés de l'Armée de Bretagne, 2007, 256p