Trésor de l’Argoat : Brocéliande, la fontaine de Barenton par Langleiz
Xavier de Langlais a publié aux éditions Piazza cinq romans historiques constituant un “Cycle de la table ronde”. Il publia un seul de ces livres en breton : “Romant ar Roue Arzhur” publié chez Al Liamm en 1975.Cet extrait est tiré des pages 94 à 97 du livre, il nous propose une évocation de la fontaine de Barenton , haut lieu de la légende arthurienne en forêt de Brocéliande.
Pennad orin / Texte original
Diouzh ar stankenn-hep-distro e save ur wenodenn strizh anvet mat gant tudigoù ar vro, na zistagent ket e anv hep krenañ : « Gwenodenn ar soñjennoù foll ». Ha ret anzav ne oa ket hep abeg o doa roet dezhi un anv ken iskis : ar feunteun a weled war he ribl a dremene da vezañ strobinellet. « Feunteun Varanton » a raed anezhi. Daoust ne chom mui liv ebet eus ar gwez bras, pleustret gant evned diniver, a greske gwechall tro-endro d’he bardell, n’eo ket aet da hesk he galloud. Meur a hini a zouj c’hoazh he burzhudoù.
Plijet evel ma veze gant peoc’h ha kevrin ar c’hoadoù, n’he dije ket gellet Viviana kavout, er c’hoad meur a-bezh, ul lec’h peoc’husoc’h ha hoalusoc’h war un dro da zevizal gant he soñjoù.
Marzhin a ouie mat edo ar plac’h d’ar c’houlz-se eus an deiz e kichen ar feunteun…
Kerkent ez eas da gutuilh ur skourrig kraoñkelvez en ur vod gwezigoù a greske nepell ac’halese. Ur c’helc’h a dresas neuze en dro d’ar feunteun gant beg ar skourr hag un nebeut gerioù kevrinus.Ha neuze dirak Viviana sebezet, e tifoupas a-zindan ar wez marc’heion hag itronezed, dorn ouzh dorn, dre goubladoù o kanañ en un doare dispar hag e krogjont da gorolliñ gant kement a ampartiz endra ma sone biniawoù ha bombardoù dihewel da eilañ o c’hammedoù mibin.
Romant ar roue Arzhur, pp 94-97
Troidigezh / Traduction
Du val sans retour partait un petit sentier étroit que les gens du pays appelaient non sans crainte le « chemin de folle-pensée ». Ce n’était pas sans raison qu’on lui avait donné ce nom aussi étonnant : il passait près d’une fontaine réputée pour être merveilleuse, c’était la fontaine de Barenton. Même si on ne trouve plus autour d’elle les grands arbres que fréquentaient des colonies d’oiseaux, sa tradition magique n’a pas disparue et alimente de nombreuses croyances.
Séduite par la paix et le mystère des bois, Viviane ne pouvait pas trouver un lieu plus reposant et attirant pour attiser ses pensées. Merlin savait que la fille se trouvait à cet instant près de la fontaine.
Il prit une branche de noisetier dans les environs et traça autour de la fontaine un cercle magique en proférant des paroles inintelligibles.Et alors devant Viviane émerveillée, des chevaliers et leurs dames sortirent des buissons, par couple, main dans la main en chantant de manière harmonieuse et ils commencèrent à danser au son de bombardes et binious invisibles qui accompagnaient leurs pas légers.
Trad. Bernez Rouz
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Langleiz, Romant ar Roue Arzhur, Al Liamm, 1975
Langlais (Xavier de),Cycle de la table ronde :
Le roman du roi Arthur, éd Piazza, 1965
Lancelot, éd. Piazza, 1967
Perceval, éd. Piazza 1969
La quête du Graal, éd Piazza 1971
La Fin des temps aventureux, éd. Piazza, 1971.
Wikipedia : Fontaine de Barenton, https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_Barenton
- Yann Goven, Brocéliande : un pays né de la forêt, Rennes, Ouest-France, coll. « Itinéraires de découvertes », (réimpr. 2003), 127 p. (ISBN 2-7373-2177-8, notice BnF no FRBNF36175484)
- Jacky Ealet, « Fontaine de Barenton », dans Dictionnaire de la Table ronde, Jean-Paul Gisserot, , 62 p. (ISBN 2-87747-909-9 et 978-2-87747-909-7, notice BnF no FRBNF41052486)
- Korentin Falc'hun, « La Cartographie arthurienne en Bretagne continentale : l'histoire de Brocéliande », dans Des chevaliers de la Table ronde à l'Ordre de l'Hermine, Les Cahiers de l'Institut', , chap. 13, p. 33-46
Actes du colloque annuel organisé par l'Institut culturel de Bretagne - Skol-Uhel ar Vro, Rennes, 27 septembre 2008.
- Chantal Connochie-Bourgne, « La fontaine de Barenton dans l'Image du monde de Gossuin de Metz. Réflexion sur le statut encyclopédique du merveilleux », dans Mélanges de langue et littérature françaises du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à Monsieur Charles Foulon, professeur de langue et littérature françaises du Moyen Âge et de la Renaissance, par ses collègues, ses élèves et ses amis, t. I, Rennes, Institut de français, Université de Haute-Bretagne, , p. 37-48.