Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Trésor de l’Argoat : La caverne de Roc’h Toull en Guiclan (29)

Cette grotte préhistorique est le titre d’un roman de Jakez Kerrien publié en 1926 en feuilleton dans Le Courrier du Finistère du 19 décembre 1925 au 13 mars 1926. Le livre parait en 1926 dans la revue littéraire Gwalarn. L’oeuvre est réédité en 1957 et en 1995 par l’association Emgleo Breiz puis en version bilingue aux éditions Armorica en 2000. La traduction est signée de Fañch Morvannou.

Pennad orin / Texte original

An hent a sav goustadig gant an dorgenn. En tu dehou deomp e-touez an derv, e kaver gwezigoù lus e-leizh. Ar vro a zo kaer dreist : koadoù d’an nec’h, pradeier d’an traoñ gant un tammig richer en o c’hreiz ; en tu all d’ar c’han ar Vourc’h hag a ziouti rouanez an ilizoù tro-war-dro, uhel er vann, sklerijennet gant an heol, lorc’h enni gant he c’hened hag he ment.

Kemer a reomp ur wenodenn e-kreiz ur waremm ha n’hon eus ket graet dek kammed ma chomomp a-sav en un taol : dirazomp emañ ar Roc’h Toull… Bras divent eo ha sonn evel ur c’hastell kreñv eus an Amzer Grenn. War he c’hein hag he c’hostezioù al lann hag ar brug o deus sanket o gwrizioù hag en toulloù gleborek ar broenn ivez ‘zo savet. Seblantout a ra bezañ ul loen spontus, digor frank e c’heol dare da lonkañ ar vilin gaezh souchet en traoñ, aonik evel ul logodenn pa wel ar c’hazh.

Uhel a-walc’h eo an toull d’ur marc’heger war e jav da vont e-barzh hep plegañ e benn. Yao ! Enaouiñ a reomp peb a letern marc’h-houarn da sklerijenniñ an hent. N’hon eus ket a geuz, rak a-vec’h ma ‘z omp aet e-barzh an toull ma tro ha kildro an hent evel ur milendall.

Ar pezh a dlee c’hoarvezout a c’hoarvezas eta. Goude bale ur pennad hanter-bleget ha puchet a-wechoù, ken izel e teue ar volz da vezañ, e chomis a-sav da c’hervel va Breur na welen ket ken goulou e letern war va lerc’h.
Mouez ebet ne respont d’am hini. Dianket on ha seulvui e valean, seulvui en em ruzan, seulvuioc’h e tiankan. Mil soñj spontus a c’haloupe dre ma fenn, traoù hag am boa lennet gwechall e danevelloù hag a lakae va izili da skrijañ : tud bet dianket er-c’hiz-se ha chomet da vervel gant an naon hag ar riou…

Ar Roc'h Toull (P. 6-9), Emb. Armorica 2000

 

Troidigezh / Traduction

Le chemin grimpe lentement le long de la butte. A notre droite parmi les chênes on trouve des plants de myrtilles en abondance. L’endroit est d’une grande beauté : des bois en haut, des prés en bas, traversées par une toute petite rivière ; de l’autre côté du vallon, le bourg et, le dominant, la reine des églises de la contrée, s’élevant bien haut, éclairée par le soleil, toute fière de sa beauté et de sa taille.
Nous empruntons un sentier au milieu d’une garenne et nous n’avons pas fait dix pas que nous nous arrêtons tout net : le Roc’h Toull est devant nous. Il est énorme et monte droit comme un donjon du Moyen-Âge. Sur son sommet et sur ses côtés, l’ajonc et la bruyère ont enfoncé leurs racines et dans les fentes humides le jonc a poussé aussi. Il a tout l’air d’une bête effrayante, à la gueule grande ouverte, prête à avaler le pauvre petit moulin tapi en bas, apeuré comme une souris devant un chat.
L’embrasure est suffisamment élevée pour permettre à un cavalier sur sa monture d’y pénétrer sans avoir à plier la tête. Allons y ! Nous allumons chacun une lanterne pour éclairer le chemin. Nous n’avons pas à le regretter car à-peine nous avons pénétré à l’intérieur de la grotte que le sentier se met à faire des tours et des détour comme dans un labyrinthe.
Ce qui devait arriver arriva donc. Après avoir marché un moment pliés en deux, et parfois à croupetons, tellement la voûte était basse, je m’arrêtais pour appeler mon frère car je n’apercevais plus la clarté de sa lanterne derrière moi.
Aucune voix ne répond à la mienne. Je suis égaré et plus je marche, plus je rampe, d’autant plus je m’égare. Mille pensées épouvantables couraient dans ma tête. Des lectures que j’avais faites naguère dans des histoires qui faisaient frémir tout mon être : des personnes qui avaient été égarées de cette façon là et restées mourir de faim et de froid.

Ar Roc'h Toull (La roche percée)

éd. Armorica P.6-9) Tr. Fañch Morvannou

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Ar Roc'h Toull, feuilleton dans le Courrier du Finistère, 1925-1926
Ar Roc'h Toull, Gwalarn, 1926.
Ar Roh Toull, Emgleo Breiz, 1957, 1995.
Ar Roc'h Toull (La roche percée), édition bilingue, Armorica 2000, 120p.

Morvannou (Fañch), Notes sur "Ar Roh Toull", in Skol Vreizh, N°29, Mai-Juin 1972
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_128/Skol_Vreiz_1972_niv_29_.pdf
Miossec (Yves), Une vieille paroisse bretonne Guiclan, éd. du Liogan, 1994
http://excerpts.numilog.com/books/9782908463170.pdf