1940 : Pétain ou De Gaulle, les bretons ont vite choisi
L’armistice est signé le 24 juin. Dans la Bretagne occupée, les médias se taisent, puis certains d’entre eux se remettent à publier des informations. La censure règne en maître. Pas un mot sur les centaines de Bretons partis rejoindre de Gaulle, pas un mot sur les 7 parlementaires finistériens qui ont refusé les pleins pouvoirs à Pétain.
Dans le Courrier du Finistère, ce sont les anciens de la guerre 14-18 qui s’expriment : Ken bras eo an dristidigezh a zo kouezet warnomp ma chomomp evel abafet ! Ar marechal Petain hag ar jeneral Weygand, goude bezañ roet deomp ur fiziañs nevez, goude bezañ gwelet pegement e plijont deomp a rank anzav oant koll. (Notre tristesse est si grande que nous restons effarés. Le Maréchal Pétain et le Général Weygand qui nous plaisaient tant et nous avaient redonné confiance, ont dû reconnaitre qu’ils avaient perdu !). Cette confiance dans le vainqueur de Verdun s’exprime dans ces vers de Taldir : Bro-C’hall siwazh aet diroll, A oa war nes da vont da goll, Dorn ar Marechal neus harzhet, Anezi da vezañ peur veuzet (La Gaule hélas ! Dans le désordre, était à la veille de mourir quand la main tendue du Maréchal l’empêcha de sombrer.) Mais la côte du maréchal s’émousse très vite quand il met en place la collaboration, plus du trois quart des Bretons sont hostiles à Vichy, écrivent les préfets de l’époque.
A Londres où un tiers des Français libres est breton, l’appel du 18 juin est traduit et diffusé le lendemain sur la BBC par le trégorrois Charles-Marie Guillois :
Aman omp e Bro Saoz, pell eus kêr. Hon galon a zo ganeoc’h, Ar jeneral de Gaulle ‘zo aman ivez. Kaozeet neus dec’h noz. Kollet momp an taol kentan, met ar brezel n’eo ket echu c’hoazh ! (Nous sommes en Angleterre, loin de la maison et nos coeurs vous accompagnent. Le général de Gaulle est ici aussi. Il a parlé hier soir. Nous avons perdu le premier coup mais la guerre n’est pas finie encore).
Les Bretons de la France Libre fondent à Londres l’association Sao Breiz evit ar vro gallek (Debout Bretagne pour le pays français). Felix Guilcher y publie dès l’été 40, un texte intitulé Kentoc’h mervel (Plutôt mourir) qui est la forme abrégée de la devise des Ducs de Bretagne Kentoc’h mervel eget bezañ saotret (Plutôt la mort que la souillure). Il nous donne une version guerrière du départ de l’île de Sein : « Nous sommes maintenant debout, nous entonnons la Marseillaise puis le chant national breton « Ni breizhiz a galon…dispont kreiz ar brezel, hon tadoù ken mat a skuilhas eviti o gwad » (Nous Bretons de coeur…intépides dans la guerre, nos pères ont versé leur sang pour leur pays). 28 Sénans laisseront leur vie dans le conflit, plus qu’à la guerre 14-18, un cas unique.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Le Courrier du Finistère, Numero de Juin et Juillet 1940
Sao Breiz evit ar vro gallek, périodique des Bretons de la France Libre.
Charles-Marie Guillois in Annuaire de la France libre, http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=72875
Fayad (Marc),Charles-Marie Guillois la voix bretonne de la résistance, in Le Point, 27/05/2014,
https://www.lepoint.fr/histoire/charles-marie-guillois-la-voix-bretonne-de-la-resistance-27-05-2014-1828176_1615.php
Agence bretonne de presse (A.B.P.) : https://abp.bzh/charles-marie-guillois-la-voix-en-breton-du-general-de-gaulle-18789
I.N.A. : Ar Morvan (Muriel), 50 vloaz goude galv ar jeneral de Gaulle
http://www.ina.fr/video/RXC03033262/50-vloaz-goude-galv-ar-jeneral-de-gaulle-50-ans-apres-l-appel-du-general-de-gaulle-video.html