Châteaux de sable contre marée montante à Locquirec par Fañch al Lae
Né à Locquirec en 1859, Fañch al Lae, bénéficia de l’ascenceur social de l’école Laïque pour devenir professeur de lettres à Pontivy. Il écrit son oeuvre maitresse, le roman Bilzig en 1923-1924. Il y raconte son enfance de coureur de grèves. Il fut maire de Locquirec de 1925 à 1935.
Pennad orin / Texte original
Ar vugale ‘ta a oa eno unanet a-raok ar gourlenn, ur pennad mat a-raok, ha palioù, marrioù, pigelloù da doullañ ha da sevel, da gempenn, da bentañ tier, tourioù, bagoù ha listri. Kalet eno e laboured, ivez e ragached.
Ar mor e-barzh ar porzh, a sav, a c’hwezh ; en em astenn, en em ledañ a ra war an traezh, en dro de’i ur c’houriz wenn dantelezet, gant ar wagennoù pere en em blege, en em zisplege, a frege, a zifarlee en ur diruilhañ o c’harlantezennoù eonennus.
- erru ar mor !
Hag ar vugale buan ha buan war o zourioù, en o bagoù, en o zier. Ha skrijadennoù !
Ar mor a led e wagennoù war an traezh, a astenn e divrec’h en-dro d’ar c’herrigi, d’ar bili ; kelc’hañ a ra al listri, an taolioù-mor a strop o mogerioù, a freg warne, nebeut ha nebeut, tamm ha tamm e tispegont an traezh eus ar vein, ar mor a sav, dtrinkañ a ra, lammat a ra er bagoù, distrujañ a ra an tourioù.
Lestr Jojo hag hini ar paotr-Ru ac’h a d’ar foñs, leun a zour ; tour Lellig an Touz a gouez en e boull. Ha kriadeg, youc’hadeg !... Bilzig, e vreur hag e ziv c’hoar, reut war o zour-tan a c’hoarzhe, a wapae, lorc’h enne mar plij, fier ma oa o zour tan hepken en e sav.
Troidigezh / Traduction
Les enfants étaient réunis avant la marée haute, un bon moment avant, et les pelles, les pioches, les pics creusaient, bâtissaient, enjolivaient les maisons, les tours, les barques et les vaisseaux de sable. On travaillait dur, on causait aussi.
La mer dans le port monte, souffle. Elle s’étire, elle s’étend sur le sable ; autour d’elle, un ruban de dentelle blanche, ciselé par les vagues, se plie, se déplie, déferle en roulant sa guirlande d’écume.
- La mer arrive !
Et les enfants se pressent sur leurs tours, dans leurs bateaux, dans leurs maisons en poussant des cris.
La mer allonge ses vagues sur le sable, étire ses bras autour des rochers, des galets ; elle cerne les navires, les rouleaux heurtent les murailles, les démolissent petit à petit ; par pas, ils décollent le sable des galets ; la mer monte, elle éclabousse, elle bondit dans les bateaux, elle démembre les tours.
Le vaisseau de Jojo et du fils Le Ru sombre, rempli d’eau ; la forteresse de Lellig an Touz est abattue. On entend des cris des hurlements !... Bilzig son frère et ses deux sœurs, raides sur leur phare, rient, se moquent, fiers s’il vous plait, de voir qu’il ne reste plus debout que leur édifice.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Embannadurioù Bilzig / éditions de Bilzig
Al Lay (Fañch), Bilzig, éd. Skol Vreizh, Morlaix, 2003, 356p (bilingue)
Al Lae (Fañch), Bilzig, éd. Emgleo Breiz, Brest, 1963.
Al Lay (Fañch), Bilzig, éd. Buhez Breiz, Le Goaziou, Quimper, 1925.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/document.php?id=bilzig-4573&l=fr
Rouz (Bernez) https://www.ouest-france.fr/bretagne/tresor-du-breton-ecrit-5576810
Wikipedia : https://br.wikipedia.org/wiki/Bilzig
Trepos (Pierre), Bilzig, roman inachevé, in Annales de Bretagne, 1958
https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1958_num_65_4_2061
Ar skrivagner / L'écrivain
Favereau (Francis), Anthologie de la littérature bretonne au XXème siècle, T.2, pp 41-63, Skol Vreizh, 2003.
Raoul (Lukian), Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien, pp 244-245, Al Liamm, 1992.