1865 : Léopold de Léséleuc crée Feiz ha Breiz, le premier périodique en breton
Le 4 février 1865, paraît Feiz ha Breiz, kelou a bep bro ha kenteliou war bep tra (Foi et Bretagne, des infos de tous les pays et des préconisations sur chaque chose). Léopold de Léséleuc de Kerouara, vicaire général du diocèse de Quimper et de Léon a réussi a convaincre l’évêque Mgr Sergent du bien fondé d’une telle revue : Ar c’hazetennoù gallek e-lec’h bezañ kelennet ganto war ar mad, e c’hallfed bezañ poulset d’an droug, e-lec’h deskiñ ar wirionez e c’hallfed deskiñ geier (Les journaux en français, au lieu de cultiver le bien pourraient vous pousser au mal, au lieu de vous apprendre la vérité, ils pourraient vous raconter des mensonges).
Ériger le breton comme mur contre les idéologies nouvelles, l’idée vient du Pape lui-même. Jeune prêtre à Rome, Léopold de Lésélec se fit remarquer lors des fêtes d’intronisation de Pie IX en 1847. Il érigea un menhir surmonté d’une croix avec cette inscription en breton : Ar maen hir e Breizh a voe savet gant hon tadoù kozh ar Vretoned ; koshoc’h evitañ n’eus ket er bed. Ar groaz war ar maen a voe lakaet, ha gwelloc’h dalc’het n’eus ket er bed (Les menhirs de Bretagne furent élevés par nos ancêtres, il n’y a pas de plus ancien au monde. La croix sur la pierre a été mise par nos pères et c’est là qu’elle est la mieux gardée au monde). Pie IX demanda au cardinal Mezzofanti qui parlait 62 langues, dont le breton ! de lui traduire l’inscription et convoqua le prêtre finistérien pour le féliciter : Lavarit a ri d’ar Vretoned derc’hel d’o yezh kement a reont da vab o lagad ; ar yezh a zalc’h o feiz. Bez ez int evel ur voger etre ar Vretoned ha spered nevez ar bed hag hemañ n’eo ket spered Doue ». (Vous direz aux Bretons qu’ils tiennent à leur langue comme la prunelle de leurs yeux. C’est un rempart contre les idées nouvelles qui ne sont pas nourries de l’esprit divin)
Léséleuc mit en application les recommandations du pape en créant Feiz ha Breizqui marqua le monde catholique jusqu’à la dernière guerre. Ses sermons faisaient l’admiration de ses contemporains :Biskoazh ar brezhoneg kozh, ar brezhoneg a wir danvez, an hini difazi, n’en deus roet kaeroc’h sin a vuhez (Jamais le vieux breton, le vrai breton, le pur breton n’a atteint cette perfection) peut-on lire dans Feiz ha Breiz. Ce véritable trésor linguistique a malheureusement disparu.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Brezhoneg
Abeozen, Istor lennegezh vrezhonek, La Baule, 1957, p.75.
Feiz ha Breiz, Maro an Aotrou de Lezeleuc, eskob Autun N°465, 1873, p.8
https://diocese-quimper.fr/fr/story/743/feiz-ha-breiz-consultable-en-ligne
Lok (Loeiz), Leopold Lezeleg, in Arvor, N°97, 98, miz du 1942
http://mnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/mnesys_cg29/datas/medias/collections/bibliotheque/presse/4MI026/FRAD029_4MI_026_1942_11_01_001_1942_11_29_004.pdf
Français
Léséleuc (Léopold de), Oraison funèbre de Mgr Joseph Graveran, Quimper, 1855.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ee59ed75ed9dda21a2541c1f161fe4a6.pdf
Le Roy (Alfred), Un évêque breton, Léopold de Leseleuc de Kerouara, Quimper, 1932, 344 p.
Quévilly (Laurent), les Léséleuc, in Blog Kerhoant :
http://kerhoant.e-monsite.com/pages/content/les-leseleuc/les-leseleuc-fin.html
Raoul (Lucien), Un siècle de journalisme breton, Le Signor, 1981, p. 148-152
Caouissin (Youenn), Vie de l'abbé Perrot, j'ai tant pleuré sur la Bretagne, éd. Romana, Versailles, 2017, 650p.