Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
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1612 : Quand la sorcellerie s’attire la foudre des jésuites

Savez vous que nos ancêtres s’adonnaient à la sorcellerie plus que de raison ! C’est un ouvrage de piété du XVIIème siècle qui nous le révèle. Son auteur Euzen Gueguen, sous prétexte de nous donner la liste exhaustive des péchés mortels, nous indique dans son Confessional les travers de nos aieux.

Dans le collimateur du jésuite cornouaillais se trouvent les pratiques de sorcellerie : An hini a ra sorserezh gant traoù sakr pe benniget, pe gant eskern tud varv a bech marvelamant (celui qui pratique la sorcellerie avec des objets bénis ou des os de macchabés fait un péché mortel). On trouve toute une panoplie de pratiques populaires comme kavout an aerouant e boutailhoù(trouver un dragon en bouteille), krediñ en huñvreoù evit gouzout an traoù kuzh pe an traoù da zont(donner foi aux rêves prémonitoires), krediñ en divinerezoù eus an evned dre o c’han (faire des prophéties d’après le chant des oiseaux), neb a ra imajoù e koar hag a goulm an egwilhetenn evit lakaat drouk ha malis etre ar priedoù (Celui qui fait des figurines de cire et qui plante des aiguilles pour envoûter les époux) etc

L’ennemi pour Euzen Gueguen, ce sont les grimoires de divination :komzoù skrivet e parchemin pe e paper, na galler ket o entent, evit yac’haat kleñvejoù pe terzhiennoù pe sevel un den diwar an douar (des écrits incompréhensibles sur parchemin ou papiers vierges pour guérir des maladies ou des fièvres ou ressuciter des morts).

La médecine populaire est également dans le collimateur de l’église catholique de l’époque : Neb a zastum noz gouel Yann, louzoù, an aour-yeotenn, ha had radenn a zo trompet bras gant an diaoul pehini a ro dezho an dra-se da grediñ (Celui-qui ramasse pendant la nuit de la St Jean, des plantes, l’herbe d’or et des graines de fougères est gravement trompé par le diable). Neb a ra ofis da yac’haat droug an daoulagad, droug an dent, n’eo ket fur en e goñsiañs rak bezañ eo dañjerus bras ober helelep traoù (celui qui essaye de guérir la cécité, les maux de dents, n’a pas la conscience tranquille car cette pratique est très dangereuse).
Quant à lire les lignes de la main, c’est le péché suprême : An hini a ra divinañ en e dorn, pe en e gov evit bezañ inviñsibl a bech marvelamant hag a vo eskumuniget (Celui qui lit les lignes de la main ou les plis du ventre dans le but d’être invincible, pèche mortellement et sera excommunié).

Le but de l’ouvrage était clairement exprimé : rentañ e ene pur ha naet, nes vis ha pec’hed (purifier son âme et en extirper le vice et le péché, visiblement les Jésuites avaient du travail sur la planche au XVIIème siècle.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Gueguen (Euzen) Confessional
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15165074.r=confessional?rk=21459;2

Le Bihan (Herve), Ur skrid evit ar studi : Confessional Euzen Gueguen (1612), in Hor Yezh 2010 p 3-50

Dujardin (Louis), A la recherche de deux auteurs bretons : Euzen Guéguen (1612) et Yves Le Baellec (1616) in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1958, pp 431-438  https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1958_num_65_4_2062

Courouau (Jean-François), L'imprimé religieux en langue bretonne (1526-1660), i, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 2008, pp 57-79.
https://journals.openedition.org/abpo/270