Brezhoneg an hañv- le breton de l’été : sonneurs de biniou et de bombarde
Depuis 1956, les meilleurs sonneurs bretons en couple (sonerien daou-ha-daou) se retrouvent le premier week-end de septembre à Gourin pour leur traditionnel championnat de Bretagne.
Le mot sonneur interpelle souvent nos visiteurs qui pensent spontanément aux sonneurs de cloches (kloc’her), métier aujourd’hui disparu avec l’automatisation des églises. Par contre, les sonneurs de biniou et bombardes sont légions, plus de dix mille en Bretagne.
Binioù est le pluriel de beni, (cornemuse) attesté dans le plus vieux dictionnaire breton, le Catholicon de 1499. On distingue aujourd’hui plusieurs sortes de cornemuses : la veuze s’est maintenue dans le pays Nantais, le biniou bihan ou biniou kozh (petit biniou/ancien biniou) est utilisé depuis le XIXème siècle en Basse-Bretagne. Comme la veuze, il ne possède qu’un bourdon (korn-boud), un chalumeau (levriad) mais son sutell (porte-vent) est plus court. Les relations interceltiques dès la fin du XIXème siècle ont introduit en Bretagne la cornemuse écossaise dotée de trois bourdons. C’est le biniou bras des bagadoù.
Le premier groupe de sonneurs a été créé en 1947 à Carhaix avec la Kevrenn Paotred an hent-houarn (Groupe des gars des chemins de fer). Plusieurs groupes se créent alors comme la Kevrenn Alre, (Groupe d’Auray), Kevrenn c’hlazig (Groupe du pays glazik), Kevrenn Brest-St Mark (Groupe de Brest-Saint-Marc).
L’appellation bagad sonerien( groupe de sonneurs), puis bagad n’est utilisée que depuis 1950. A noter qu’on utilise en français le pluriel breton bagadoù plutôt que bagads.
L’originalité bretonne vient de l’association du biniou avec la bombard, un nomemprunté au latin médiéval bombarda (sorte de flûte). C’est ce hautbois au son enjoué qui donne le ton et entraîne le biniou en répond. Un joueur de bombarde est appelé talabarder. Au XIX ème siècle, il était courant de voir un tabouliner (joueur de tambour) se joindre au duo bombarde-biniou.
Le premier concours de sonneurs de couples attira 40 sonneurs à St Brieuc en 1881, 128 à Vannes en 1892 et 84 à Brest en 1895, concours qui eut l’honneur de L’Illustrationde l’époque. Depuis, Biniouest rentré dans les dictionnaires français, le Larousse accepte même passer un coup de biniou, pour donner un coup de téléphone, mais pas encore souffler dans le biniou ; l’expression est quand même plus sympa que « souffler dans l’alcootest » !
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
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Musique bretonne : Histoire des sonneurs de tradition, Le Chasse-Marée / Ar Men, (ISBN 2903708673)
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Roland Becker et Laure Le Gurun, La musique bretonne, 1994, éd. Coop Breizh. (ISBN 290992419X)
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Olivier Goré, L'inscription territoriale de la musique traditionnelle en Bretagne, Thèse de Géographie, Université Rennes-II, 2004 lire en ligne [archive]
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La chanson et la musique Bretonne, entre tradition et modernité, Patrice Elegoet, Thèse de Celtique, Université Rennes-II, 2006
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La diffusion de la musique bretonne entre tradition et innovation, Mathilde Legeai, mémoire sous la direction de Gilles Bressand, 2008, UFR Musique et Musicologie Paris-Sorbonne
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Logann Vinceet Jérôme Cler(directeur de mémoire), Débuts des bagadoù, Chroniques d'un succès annoncé : L'expansion du nouvel orchestre breton (1943-1970), Paris, université Paris IV, (lire en ligne [archive])
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Roots, Rock, Breizh: Music and the politics of nationhood in contemporary Brittany, Nations and Nationalism, n°11, janvier 2005, p. 103-120