1623 : La vie de Saint Yves en breton
Canonisé en 1347, quelques années après sa mort, Yves Hélory de Kermaria est devenu le saint patron de la Bretagne, propulsé à ce rang par Charles de Blois comte de Penthièvre, qui plaida sa cause en Avignon et par Jean V qui lui éleva un monument dans la cathédrale de Tréguier. Cette reconnaissance officielle fit que nombre de cultes locaux à des saints obscurs furent rattachés à Saint Yves d’où la profusion de formes bretonnes : on en compte trente six dont Erwan, Euzen, Youenn, Izan, Ivon…
Voici comment la Buhez sant Euzen(vie de St Yves) le présente en 1623 : D’an Aotrou Sant Euzen, beleg santel da Zoue, tad d’ar re nesesitus, barner antier hag inkoruptibl, advokad d’ar beorien, intañvezed hag orfelined (A Mgr S. Yves, saint prêtre de Dieu, père des indigents, juge entier et incorruptible, avocat des pauvres, veuves et orphelins)
Le texte met en avant les qualités du personnage : E roe da zebriñ d’ar beorien hag ed a-bozelladoù lies a wezh, hag e loje an holl beorien a falvize dezhe chom an noz en un ti en devoa graet da ober evite hag e rae ober dezhe tan er goañv
(Il donnait à manger aux pauvres, et il distribuait des boisseaux de blé. Il logeait tous les indigents qui le souhaitaitent dans une maison qu’il avait fait construire pour eux, il leur allumait un feu pendant l’hiver).
Patron des avocats et des juges, sa conception de la justice reste très pertinente : ur prosez a sav inimiteioù, koll a reer ar mizoù, ar spered zo troublet, ar c’horf bemdeiz fatiket, kalz a grimoù dizonest a zeu d’e heulh, lies a wezh nep a istim gounit a goll, ha mar gounezer, o kontañ o foan hag o mizoù n’en em gavint a netra pinvidikoc’h. ( Un procès génère des inimitiés, crée des frais, perturbe l’esprit, fatigue le corps, incite à être malhonnête ; celui qui gagne, quand il compte les frais de procédures et le temps perdu, ne s’enrichit jamais).
Le saint continue a faire des miracles après sa mort en 1303 : tud dall, tud vors, tud foll, tud arajet,tud paralitik, tud langisant ha kleñvedoù all a voe graet yac’h (Aveugles, boiteux, foux, enragés, paralitiques, débiles et d’autres maladies furent guéris).
Le musée breton de Quimper possède un reliquaire de 1420 dédié à Ste Anne et à St Yves avec cette inscription pret vihe, pan garo Doe, mat ve (Quand il sera temps et qu’il plaira à Dieu, ce sera bien), qui atteste de la reconnaissance rapide de St Yves comme patron de la Bretagne.
Pennad orin / Texte original
Kantik Sant Erwan
Nann, n'eus ket e Breizh, nann, n'eus ket unan
Nann, n'eus ket ur sant, evel sant Erwan
Nann, n'eus ket ur sant, evel sant Erwan
N'eus ket en Argoad, n'eus ket en Arvor,
Koulz ha sant Erwan 'vit an dud a vor (bis)
Nann, n'eus ket er vro, 'vel ma lavarer,
Hag a ve ken mat 'vit al labourer
N'eus ket kaeroc'h skouer d'an dud a lezenn
Evit sant Erwan, skouer ar veleien
Evel hon Tadoù, int, tud a gredenn,
Lavaromp d'ar Sant, 'n ur gaer a bedenn:
Aotrou Sant Erwan, Patron Breizh-Izel,
Bezañ treitour deoc'h, nann, kentoc'h mervel
Troidigezh / Traduction
Cantique à St Yves
Non, il n'y a pas en Bretagne, non, il n'y a pas un
Non, il n'y a pas un saint, comme saint Yves
Non, il n'y a pas un saint, comme saint Yves
Il n’y a pas en Argoat ni en Arvor,
Aussi bon que saint Yves pour les gens de la mer.
Non, il n’y a pas dans le pays, partout on le dit,
Qui serait si bon pour le paysan.
Il n'y a pas plus bel exemple pour les gens de loi
Avec saint Yves, prêtre exemplaire
Comme nos ancêtres l'étaient, croyants,
Parlons au saint, celui-là est un bon prieur
Saint Yves, patron de la Basse-Bretagne,
Être traître envers vous, non, plutôt mourir
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Brezhoneg :
Gueguen (Tanguy), Buhez sant Euzen,Montroulez, 1623 (advoul. Gwennole Le Menn, Skol, 2002.
Becedia : http://bcd.bzh/becedia/br/sant-erwan-hag-ar-vreizhadelezh
Kantik Sant erwan https://fv.kan.bzh/feuille-02537.html
Gouel Sant Erwan, Gouel ar Vretoned in Arvor N°20, 18 Mai 1941, lenn en linenn war lec'hienn Dielloù Departamant Penn-ar-Bed
Français :
La Haye (Pierre de), Vie de Saint Yves, Morlaix, 1623. (Réédition Gwennole le Menn, Skol 2002).
Le Mappian (Jean), Saint Yves, patron des juristes, éd Ouest-France, 1997.
Cassard-Combot-Dervilly,Giraudon, Les chemins de St Yves, Skol Vreizh N°30, 1994.
Cassard (J.C), Les devenirs de St Yves du Moyen-age vers aujourd'hui, PUR, Rennes, 2004 http://books.openedition.org/pur/22391?lang=fr#ftn19
Cassard (JC), Provost (G), St Yves et les Bretons, PUR, Rennes, 2004.
Le Guillou (Jean-Paul), Saint Yves : Ceux qui l’ont connu témoignent, ceux qu’il a guéris racontent : Enquête de canonisation, Imprimerie Henry, 1989, 2e éd., 2003, préf. Yann Talbot.
Morvannou (Fañch), Les cantiques de St Yves, http://books.openedition.org/pur/22421