2017 : DEVRI le monumental dictionnaire de Martial Ménard
Il y a un an, Martial Ménard publiait dans ces mêmes colonnes sa dernière chronique. Pendant dix ans, il aura passionné tous les amoureux de la langue bretonne par ses mots et ses expressions puisés à la source dans les écrits bretons. Son travail est aujourd’hui disponible sur le site www.devri.bzh. Devri est un adverbe qui signifie sérieusement. Et Dieu sait si les 62 656 entrées qu’il a rédigées sont traitées de façon sérieuse et scientifique. Prenons le mot kozh, vieux. Grâce à Martial, on peut le suivre à la trace à travers les siècles. En 1499, on le trouve sous la forme coz qui reste figé dans les noms de famille. Dès 1659, on trouve les premières variantes dialectales : coz et coh dans le vannetais. Au XIXème siècle, on décide que le son k, serait écrit K et non plus, c, ck, cq, cqu, q, qu, k, etc, sur le modèle du français. On trouve donc koz qui cohabite avec koh. Puis ou XXème siècle, on unifie tous les dialectes dans une écriture commune, on écrit donc kozh depuis. Mais le génie de Martial est d’avoir collecté toutes les expressions populaires à partir d’un mot. Ainsi très vieux se dit, kozh douar, kozh Doue, kozh Noe, kozh rejis, kozh louet, (Vieux comme la terre, vieux comme Dieu, vieux comme Noé, vieux comme un registre, vieux moisi). Mais placé devant un nom il prend une tournure négative kozh-den, (pauvre type), kozh andouilhenn (vieille andouille), kozh gwele plouz (vieille litière), kozh-ti (masure) etc.
Combien de fois ne l’ais je pas vu exulter en trouvant des mots inédits dans des écrits improbables : Ar c’hillotin e Brest epad ar spount braz, (La Guillotine à Brest pendant la terreur), Amourousted eun den coz pêvar hugent bloaz pehini so orgued à vez à eur plac’h jaoanc hen oad a huezecq bloaz ( Les amours d’un vieillard de 80 ans auprès d’une jeune fille de 16 ans), Er règl ag en drivert-urh a benigen, instituet dré er séraphiq-patriarch sant-françæs (La régle du tiers-ordre de la pénitence, institué par le patriarche séraphique saint François). Plus près de nos préoccupations, je l’ai vu traquer des mots comme bagad (groupe de sonneurs), pour établir son acte de naissance : il a trouvé le 14 août 1950, qui dit mieux ? Les Français appellent ça un travail de bénédictin, les Anglais « a labour of love », un travail d’amour, une expression qui lui va beaucoup mieux, et consécration : cet amour pour sa langue d’adoption est aujourd’hui valorisé et pérennisé par l’Université de Rennes 2 et Kuzul ar Brezhoneg.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Brezhoneg
Français
wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Martial_M%C3%A9nard
Ouest-France : http://www.ouest-france.fr/bretagne/devri-le-grand-dictionnaire-de-martial-menard-4260605
Le Peuple Breton : http://lepeuplebreton.bzh/2016/09/19/lhommage-dherve-bihan-a-son-ami-martial-menard/
Broudic (Fañch) Martial Ménard lexicographe engagé: http://languebretonne.canalblog.com/archives/2016/09/12/34314268.html