1972 Skol Louarn Veig Trebern : Le paradis perdu du Bigouden Youenn Drezen
– Te va faotr bihan, te n’out ket bet er skol. Diskouez din da vizied diouzhtu ! Diouetet m’oa, lor eo e vizied met n’eo ket gant bodoc’h al liv ! ( Toi mon garçon, tu n’as pas été à l’école. Montre moi tes doigts ! J’ai deviné, les doigts sont sales mais ce n’est pas de l’encre !) Le garnement s’appelle Veig Trebern, il mène la grande vie : un mois d’école buissonnière ! L’écrivain Youenn Drezen le fait vivre tambour battant la vie trépidante du pays Bigouden de la belle époque. Ken prim all e oa Veig war e dreid. Ha tizh dezhi mar gouie ! Ne oa ket ur munut nag un taol lagad da goll. Krenañ a ra tour fetis ar c’hastell gant talabao ouzhpenn ur c’hant a vugale : « ar chamo Karabos ! ar chamo Karabos ». (Veig fit un bond, et fonça ! Il n’y avait pas une minute à perdre. La tour massive du château tremblait du tintamarre d’une centaine d’enfants qui criaient : « le chameau Carabosse, le chameau Carabosse ». Mais la grande aventure de Veig, en plus de voler des bonbons, des pommes et de raconter des bobards, c’est d’avoir navigué sur un trois mats norvégien de Pont l’Abbé à Loctudy : « Come ! come here ! » eme ar c’habiten bras. Ne bade ket Veig gant ar mall pignat er bourzh. Neuze ‘ta edo Veig o vont da veajiñ e bourzh ar vatimant vras-se ! Betek ar mor don ! Betek bro an Añglichen marteze ! Biken ne gredo ar baotred ! ( Viens, viens ici dit le capitaine. Veig crevait d’envie de monter à bord. Et le voici voyageant sur ce grand navire, jusqu’à la mer immense, jusqu’au pays des Anglais peut être ! Jamais les copains ne le croiront !). Mais la vie d’aventurier n’est pas un long fleuve tranquille. Veig est puni, il doit dormir dans la grange de sa grand-mère. Mes ur c’hliant all a oa eno. Veig a redas ar c’hwezhenn yen eus e gilpenn betek traoñ e livenn-gein. E gorre an treust du, ur vuzelenn hir ha lemm, gant moustachoù hir. Ur razhedenn va zud kaezh ! Ur pezh mell razhedenn louet ! (Mais il y avait un autre client. Une sueur froide lui coula dans le dos. Sur la poutre noire, un museau allongé et pointu, avec de longues moustaches. C’était un rat ! Un gros rat gris !). Mais ce n’est rien comparé à la frousse de sa vie : traverser la cour de l’école après un mois d’école buissonnière. Ce merveilleux roman de l’enfance, traduit en français, se termine par Veig ez adserras warnañ dor ar c’hlas. (La porte de la classe se referma sur Veig) et là, il n’y a plus rien de drôle à raconter.
Pennad orin / Texte original
Troidigezh / Traduction
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Editions :
Skol Louarn Veig Trebern, Al Liamm, 1972-1974
L'école du renard, Picollec, 1986.
Brezhoneg
- Abeozen, Istor lennegezh vrezhonek an amzer-vreman ; Brest, Al Liamm, 1957.
- Lukian Raoul, Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien ; Brest, Al Liamm, 1992
Wikipedia : https://br.wikipedia.org/wiki/Youenn_Drezen
Français - Francis Favereau, Littérature et écrivains bretonnants depuis 1945 ; Morlaix, éd. Skol Vreizh, 1991.
- Bernard Le Nail, Dictionnaire des romanciers de Bretagne ; Spézet, éd. Keltia Graphic, 1999.
- Nicole Le Dimna, Palimpsestes franco-bretons : l'autotraduction de Youenn Drezen ; P., L'Harmattan, 2005 (contient des textes inédits).
- Yves Le Berre, Qu'est-ce que la littérature bretonne ? Essais de critique littéraire, XVe – XXe siècle ; Presses universitaires de Rennes, 2006.
- Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Youenn_Drezen
- English
Wikipedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Youenn_Drezen