1845 BRIZEUX BARDE ROMANTIQUE
En plein triomphe du romantisme, le Lorientais Auguste Brizeux est devenu la coqueluche du tout Paris littéraire. Sa muse s’appelle Marie, une jeune paysanne d’Arzano ou il passe son enfance chez son oncle recteur. En 1844 il publie un recueil en breton Telenn Arvor (La harpe d’Armorique) aux accents délicieusement surannés.
Me glask va dous, gant he c’hoef digor d’an avel,
Hi ‘oa e-giz un durzunell pa ‘n em zispleg he divaskell
(Je cherche ma douce, avec sa coiffe ouverte au vent, elle était comme une tourterelle qui ouvre ses ailes). Mais Brizeux sait sortir du monde des jeunes filles en fleurs pour affirmer ses convictions politiques :
Napoleon oa ar roue, ar gwir bleiz a vrezel,
Heb truez, d’ar mammoù paour e skrape o bugel :
Lavaret reer er bed all emañ en ul lennad,
Emañ betek e c’henou en ur poull leun a wad.
(Napoléon était le chef, le vrai loup de guerre, qui sans pitié pour les pauvres mères enlevait leurs enfants. On dit qu’en l’autre monde il est dans un étang, Il est jusqu’à la bouche dans un marais plein de sang). Des propos militants qui vont droit au cœur de Victor Hugo, l’opposant historique des Napoléon et qui soutiendra le jeune barde bientôt couronné par l’Académie française.
Son œuvre la plus connue mais aussi la plus fertile est son recueil de proverbes bretons Furnez Breizh (Sagesse de Bretagne) maintes fois réédité. Élevé dans la campagne bretonnante, il met en avant le bon sens paysan
Gwell eo karantez leizh an dorn, evit madoù leizh ar forn (Mieux vaut amour plein la main, que richesses plein le four).
Il magnifie la Bretagne mythique : Breton biskoazh trubarderezh na reas (Jamais breton ne fit trahison), non sans conservatisme parfois : Ur feiz, ur yezh, ur galon ! ar c’hiz kozh, ar c’hiz wirion ! (Une seule foi, une seule langue, un seul cœur ! Les vieilles coutumes sont les bonnes coutumes !). Mais le barde qui connu la gloire jusqu’à sa mort pu méditer sur ce dicton Avel, aveloù, holl avel. (Vent, vents, tout n’est que vent).
Il nous laisse aussi une liste précieuse des devises des familles nobles bretonnes. Le tempérament guerrier de ceux qu’on appelle An dud jentil (les gentilshommes) fait le bonheur de notre barde Bepred Kreñv (Toujours fort), Araok ! Araok ! En avant, en avant !, Pe Brezel pe garantez (Guerre ou amour), Kent mervel (plutôt mourir).
Ce travail de collectage lui vaudra la postérité.
Pennad orin / Texte original
(War don : Kont a Jafre).
Troidigezh / Traduction
Marie
Quand je passe si triste par votre village,
Ne vous effrayez pas, gens du Moustoir :
Je cherche ma belle, je ne suis pas un voleur.
Bien souvent dans ma jeunesse
Je suivis ici une jeune fille aimée,
Comme l’oiseau suit sa compagne.
Où donc est-elle, la belle jeune fille ?
Ne vous effrayez pas, gens du Moustoir :
Je cherche ma douce, je ne suis pas un voleur.
Avec sa coiffe ouverte au vent.
Elle était comme une tourterelle
Lorsque se déploient ses deux ailes.
Elle est perdue, la tourterelle chérie !
Ne vous effrayez pas, gens du Moustoir :
Je cherche ma belle, je ne suis pas un voleur.
Au bourg, après les vêpres,
Chacun disait autour d’elle :
« Celle-ci est la fleur du pays ! »
Ô jeunesse fleurie et trop courte ! —
Ne vous effrayez pas, gens du Moustoir :
Je pleure ma douce, je ne suis pas un voleur.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Brezhoneg
Wikipedia : https://br.wikipedia.org/wiki/Aogust_Brizeug
Wikimammenn : https://br.wikisource.org/wiki/Furnez_Breiz
Wikimammenn : https://br.wikisource.org/wiki/T%C3%A9len_Arvor
http://embann.an.hirwaz.online.fr/documents/Brizeug.pdf
Français
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Brizeux
Wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Auguste_Brizeux
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